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Tuesday, December 27, 2011

La secte islamiste Boko Haram frappe de plus en plus fort au Nigeria

Par MARIANNE MEUNIER

Créé en 2002, le mouvement a décuplé sa force de frappe malgré la perte de son chef. La déliquescence de l’État et l’extrémisme religieux sont ses deux terreaux.

Les autorités ont annoncé n’exclure aucune piste au lendemain des « attentats de Noël» qui ont fait au moins quarante morts au Nigeria les 24 et 25 décembre. Quatre attaques ont frappé le pays le plus peuplé d’Afrique (160 millions d’habitants) durant ces deux jours. Parmi les cibles, les locaux des services de renseignement à Damaturu, dans le nord-est, une église évangélique à Jos, dans le centre, ou l’église catholique Sainte-Theresa, à Madalla, à 35 km de la capitale, Abuja. L’assaut y a été le plus sanglant, ayant tué 35 personnes. « Nous cherchons au-delà de Boko Haram car d’autres individus voulant déstabiliser le gouvernement pourraient agir au nom de Boko Haram », a déclaré hier un porte parole de la police. Celui-ci fait référence à la secte islamiste qui a revendiqué les attaques et à laquelle le gouvernement en a attribué trois – dont celles contre les deux églises. Créée en 2002 à Maiduguri, dans le nord-est du pays, puis transplantée dans une ville voisine où elle a établi une base baptisée « Afghanistan », Boko Haram a donné les premiers indices de sa force de frappe en juillet 2009. Nés de l’attaque d’un commissariat, des affrontements entre forces de sécurité et membres de la secte se propagent alors dans quatre États du Nord en cinq jours. Bilan : 600 morts et 3 000 déplacés. Deux ans et demi après ce premier « coup d’éclat », Boko Haram n’a plus à démontrer sa capacité de nuisance. Fort de plusieurs centaines de membres recrutés parmi une jeunesse désoeuvrée et, plus rarement, dans des familles de notables, parfois originaires des pays voisins (Niger notamment), le mouvement ne limite plus son rayon d’action au nord-est du pays. En août, il revendique un attentat-suicide contre le siège des Nations unies, à Abuja, qui a fait 24 morts


Les membres de Boko Haram préconisent avant tout une observance stricte de la charia.

Il conduit des opérations spectaculaires, comme la libération de 700 prisonniers, dont 150 partisans, en septembre 2010, dans la prison de Bauchi (nord-est). En novembre dernier, à l’avant-veille de la fête musulmane de la Tabaski (nomdonné à la fête du mouton dans la région), Boko Haram mène plusieurs attaques – églises, postes de police – à Damaturu, tuant 150 personnes en un jour. Mélange d’arabe et de haoussa (langue parlée au Sahel), boko haram signifie littéralement « l’éducation occidentale est interdite », un slogan que certains spécialistes jugent par trop simplificateur en regard de la complexité du mouvement. Les membres de Boko Haram préconisent avant tout une observance stricte de la charia et jugent que les gouvernements locaux l’appliquent avec trop de laxisme – la loi est en vigueur dans 12 des 36 États du Nigeria. L’État et toute émanation de la laïcité ou d’une autre autorité qu’islamique sont des cibles privilégiées. « Les interprétations des motivations et de l’idéologie de Boko Haram diffèrent, note cependant l’ONG International Crisis Group (ICG). Certains, y compris des membres, évoquent un dégoût pour la corruption des autorités laïques. D’autres considèrent que cette idéologie violente du rejet s’enracine dans une doctrine religieuse élaborée. » Ce flottement tient en partie à l’absence de leader, aucun parrain n’ayant remplacé Mohammed Yusuf, chef de Boko Haram, tué en juillet 2009 lors des affrontements avec la police. « On ne sait plus qui est Boko Haram», note Daouda Aliyou, journaliste indépendant à Lagos. Les liens avec Al-Qaida sont plus clairs. ICG évoque une « inspiration considérable », relevant un usage de la rhétorique de la guerre sainte propre aux djihadistes d’Afghanistan. La sophistication des attaques conduit les spécialistes de la sécurité à redouter un soutien d’Al-Qaida au Maghreb (Aqmi), dont le champ d’action est tout proche.

Monday, December 26, 2011

Plusieurs églises visées par des attaques meurtrières le jour de noel

Une vague d'attentats visant principalement des églises catholiques remplies de fidèles au Nigeria le jour de Noël a fait au moins 40 morts dont un kamikaze, selon le dernier bilan de ces attaques revendiquées par la secte islamiste Boko Haram.
L'attentat le plus meurtrier, avec 30 morts selon le dernier bilan en date, s'est produit à l'extérieur d'une église catholique à Madalla, en périphérie d'Abuja, la capitale fédérale.

L'attentat a provoqué des scènes de chaos et endommagé l'église Ste Theresa. Des trous étaient visibles dans les murs et le toit était très abimé. Du sang maculait les murs à l'extérieur. Des jeunes en colère ont allumé des feux et menacé d'attaquer un commissariat de police des environs. Les policiers ont tiré en l'air pour les disperser et fermé un grand axe routier.

Après celui de Madalla, un second attentat a visé une église évangélique de Jos, épicentre de violences intercommunautaires dans le centre du pays, tuant un policier. A Damaturu, dans le nord-est, un kamikaze qui s'est tué a lancé sa voiture contre un convoi des services de renseignement de la police (SSS), tuant trois agents, selon un communiqué des SSS. Une autre explosion a retenti dimanche à Damaturu, sur un rond-point et samedi soir, un engin explosif a été lancé contre une église à Gadaka (nord-est) devant laquelle se trouvaient des fidèles, ont rapporté des témoins. Aucune victime n'avait été signalée dans l'immédiat. Damaturu et Gadaka sont situées dans l'Etat de Yobe, déjà secoué en fin de semaine par une vague d'attaques revendiquée par Boko Haram.

La vague d'attaques survenues samedi soir et dimanche à travers le pays a été revendiquée par Boko Haram, un groupe qui prône la création d'un Etat islamique au Nigeria et auquel sont imputés la plupart des violences récurrentes dans le nord. "Nous sommes responsables de toutes les attaques de ces derniers jours, y compris celle à la bombe contre l'église de Madalla. Nous continuerons à lancer de telles attaques dans le nord du pays dans les prochains jours", a déclaré par téléphone un porte-parole des islamistes, Abul Qaqa. Ces derniers jours, le pays est par une vague d'attaques meurtrières dans le nord-est, toutes revendiquées par Boko Haram.

Ce mouvement, qui dit vouloir imposer un Etat islamique, a revendiqué l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège des Nations unies à Abuja, qui avait fait 24 morts. Il s'était également attribué la responsabilité d'une vague d'attaques sanglantes le 24 décembre 2010, veille de Noel, qui avaient visé plusieurs églises et, avec les représailles qui avaient suivi, avaient fait des dizaines de morts à Jos.

"UNE GUERRE INTERNE"

"C'est comme si une guerre interne avait été lancée contre le pays. Nous devons vraiment être à la hauteur et faire face", a déclaré le ministre chargé de la police, Caleb Olubolade, qui s'est rendu sur les lieux d'un des attentats.


Les attaques, condamnées par le Vatican comme le fruit d'une "haine aveugle et absurde", surviennent après deux jours d'affrontements, jeudi et vendredi, entre des membres de Boko Haram et les forces de l'ordre dans le nord-est, qui auraient fait près de cent morts. Le président français Nicolas Sarkozy et le ministre italien des Affaires étrangères, Giulio Terzi, ont également fermement condamné les attaques.

Le Nigeria, qui est le sixième pays au monde pour le nombre de chrétiens, toutes confessions confondues, voit les tensions interreligieuses s'aggraver, une évolution qui inquiète le Vatican.
Lors de son voyage au Bénin en novembre, le pape avait insisté sur la tradition tolérante de l'islam en Afrique et sur la coexistence pacifique entre musulmans et chrétiens, parfois au sein des mêmes familles.

Ce pays pétrolier, le plus peuplé d'Afrique, avec 160 millions d'habitants, compte environ autant de musulmans, plus nombreux dans le nord, que de chrétiens, majoritaires dans le sud. Les actions menées par Boko Haram ont évolué, devenant plus sophistiquées et mortelles depuis plusieurs mois. Des observateurs craignent que des membres de la secte aient développé des liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda.

Tuesday, November 22, 2011

NIGERIA: Recul des droits des homosexuels

Au Nigeria, les groupes de défense des droits craignent que le projet de loi sur le mariage entre personnes de même sexe actuellement discuté au Parlement n'encourage la discrimination dont font déjà l'objet les homosexuels. Le projet de loi va bien au-delà de la seule prohibition du mariage entre individus de même sexe : il menace également d'interdire la formation de groupes de défense des homosexuels et d'emprisonner toute personne qui « est témoin d'une telle relation, l'encourage ou lui prête assistance ». L'adoption de la loi pourrait entraîner, à terme, l'interdiction de toute discussion ou activité liée à la défense des droits des homosexuels.

En vertu d'une loi datant de l'époque coloniale, la sodomie est passible d'une peine de 14 ans d'emprisonnement. Par ailleurs, dans les États du nord du pays, principalement musulmans, on applique une version de la charia qui prévoit la peine de mort par lapidation pour le coupable d'un tel acte. Cette disposition n'a cependant jamais été officiellement mise en oeuvre.

Début novembre, l'Assemblée nationale a commencé à débattre de la plus récente version du projet de loi sur l'interdiction du mariage entre personnes de même sexe. La plupart des hauts fonctionnaires ont dit avoir approuvé le projet, ajoutant qu'il sera probablement adopté.

L'intolérance érigée en système

Pour les analystes, le projet de loi, qui a été abandonné deux fois en l'espace de cinq ans, a pour but d'accroître la popularité d'un gouvernement dont la cote de confiance est au point mort depuis les élections d'avril dernier. La plupart des Nigérians désapprouvent fortement l'homosexualité, et nombre d'entre eux la considèrent comme une pratique importée de l'étranger et contraire aux valeurs de la société nigériane, profondément religieuse.

Une étude sur l'attitude des Nigérians envers l'homosexualité, réalisée en 2008 auprès de 6 000 personnes par l'organisation à but non lucratif Nigeria's Information for Sexual and Reproductive Rights, a révélé que seulement 1,4 pour cent des répondants se considéraient « tolérants » envers les minorités sexuelles.

En 2002, dans l'État de Jigawa, dans le nord du pays, un étudiant universitaire a été battu à mort par ses camarades à cause de rumeurs faisant état de son homosexualité.

En septembre 2008, plusieurs journaux nationaux ont publié les noms, adresses et photos d'un pasteur et des membres d'une congrégation de la ville portuaire de Lagos qui accueillait des minorités sexuelles. Quelques jours plus tard, une foule parmi laquelle se trouvaient des policiers a attaqué l'église. Des membres de la congrégation ont perdu leur emploi et leur foyer et ont été contraints de se cacher ; d'autres sont toujours victimes de harcèlement et de menaces de violence physique, a indiqué Human Rights Watch dans un communiqué.

« Au Nigeria, les pratiques homosexuelles et lesbiennes sont considérées comme une atteinte à la morale publique. Ce projet de loi est très important pour le développement du pays, car il cherche à protéger la famille traditionnelle, qui est l'unité fondamentale de la société, en particulier dans notre pays », a dit This Day, un quotidien influent, dans son éditorial du 10 novembre. « La loi rendra plus difficile l'adoption de pratiques et de modes de vie étrangers à notre pays et aux mours de la majorité de la population ».

En Afrique, les droits des homosexuels sont de plus en plus bafoués. Le militant pour la défense des droits des homosexuels David Kato a été assassiné en janvier 2011 en Ouganda. Il s'était publiquement opposé au projet de loi anti-homosexualité qui avait été soumis au Parlement en 2009.

Au Malawi, un couple gay a été emprisonné pour « grossière indécence ». Les gouvernements américain et britannique ont menacé de couper l'aide financière aux pays africains qui tentent de restreindre les droits des homosexuels.

La religion : un obstacle supplémentaire

Selon Damian Ugwu, qui milite pour la défense des droits de l'homme au sein de l'ONG Social Justice Advocacy Initiative, basée à Lagos, les leaders des principales religions du Nigeria - l'islam et le christianisme - font rarement la promotion de la tolérance envers l'homosexualité.

« Ni l'islam ni le christianisme ne sont favorables au mariage entre individus de même sexe », a dit Olusegun Runsewe, directeur général de la Société de développement du tourisme au Nigeria (NTDC, en anglais), à des journalistes le 7 novembre. « Nous devons être prudents et tout faire pour interdire cette pratique, car le mariage entre personnes de même sexe est satanique. Il peut détruire n'importe quel système et donner une mauvaise réputation à n'importe quel pays ».

D'après M. Ugwu, la désapprobation religieuse peut avoir un effet dévastateur sur les homosexuels. « L'Église ne manifeste aucune tolérance envers l'homosexualité et l'accepte seulement chez ceux qui se 'confessent' et s'en 'repentent'. Elle peut alors dire que ces personnes sont guéries et qu'elles peuvent dès lors être pardonnées ».

Selon les activistes, de nombreux homosexuels - une communauté qui présente par ailleurs un risque élevé de contracter le VIH - hésitent à fournir des informations complètes à leur sujet par crainte d'être stigmatisés. Ils sont dès lors incapables d'obtenir des services médicaux ou de recevoir un traitement adéquat.

« Des homosexuels qui ont eu le courage de révéler leur orientation sexuelle ont rapporté avoir été humiliés par le personnel médical », a fait remarquer M. Ugwu. Au moins deux homosexuels qui se sont entretenus avec IRIN sous le couvert de l'anonymat ont dit avoir peur de se rendre à l'hôpital par crainte que le personnel divulgue leur orientation sexuelle.

Des implications pour l'ensemble de la population

Selon les organisations non gouvernementales (ONG) et les activistes, le projet de loi pourrait aussi avoir de graves implications pour ceux qui ne sont pas gay. Les migrants qui viennent chercher du travail en ville sont un groupe particulièrement vulnérable. « La police nigériane, qui est déjà réputée pour ses abus de pouvoir, pourrait ainsi violer impunément les droits des personnes gay et non gay. Dans ce contexte, les jeunes hommes et les jeunes femmes, qui, pour des raisons financières, vivent souvent entre eux dans les grandes villes, deviendront des proies faciles pour les extorqueurs », a dit M. Ugwu.

« Cette loi est pernicieuse, car elle semble ne viser que les unions homosexuelles, mais constitue en fait une attaque contre l'ensemble des droits fondamentaux », a dit le porte-parole de Human Rights Watch Graeme Reid. « La définition du 'mariage entre personnes de même sexe' va jusqu'à inclure toute personne soupçonnée d'entretenir une relation homosexuelle. Et elle menace les défenseurs des droits humains en prenant pour cibles ceux qui défendent des causes impopulaires ».

Selon Unoma Azuah, auteure et militante gay nigériane, le gouvernement devrait se concentrer sur d'autres priorités. « À mon avis, c'est une manière de détourner l'attention [de la population] des vrais problèmes et un énorme gaspillage de temps et de ressources. Quel lien y a-t-il entre les actes que deux adultes consentants posent dans l'intimité et le chômage qui paralyse le Nigeria ? Alors qu'il n'existe que quelques rares grandes routes en bon état, que l'éducation est en ruine, que l'approvisionnement en électricité est extrêmement déficient et que les denrées alimentaires et le pétrole doivent être importés en grandes quantités, les législateurs sont occupés à débattre de la nécessité d'interdire les unions homosexuelles... »

Les obstacles à l'acceptation sont difficiles à surmonter. « Les homosexuels sont victimes de discrimination de la part de leur famille, des groupes religieux et de la société en général », a dit M. Ugwu. « Il est donc compréhensible que le reste de la population ne prenne pas spontanément leur défense ».

Tuesday, November 15, 2011

Nigeria: Attaques de Boko Haram - Les «fous d'Allah» font un carnage



150 morts et une centaine de blessés, c'est le lourd bilan des attaques perpétrées vendredi 4 novembre 2011 par la secte islamique Boko Haram à Damaturu, capitale de l'Etat de Yobe au Nigeria. Ces agressions violentes ont essentiellement ciblé des postes de police et des églises.

Ce même jour, ces musulmans radicaux ont aussi mené des actions kamikazes à Maidougouri dans le Borno. Si ces «fous d'Allah» version nigériane nous avaient habitué à la barbarie et aux attaques violentes, c'est bien la première fois qu'ils font autant de victimes et de dégâts en l'espace d'une seule journée.
Ce carnage est intervenu à l'avant-veille de la Tabaski et a du coup terni la célébration et le faste de cette fête du sacrifice d'Abraham. Du coup, le côté sécuritaire à pris le dessus sur l'événement religieux avec le déploiement des forces de l'ordre dans les rues et les points de rassemblement (mosquées et églises) tout au long de l'Aïd-el-Kebir ; un déploiement préventif dans un pays où l'intolérance ethnique et religieuse a pignon sur rue et où les chrétiens ont appris à rendre coup pour coup, à ne pas tendre la joue gauche lorsqu'on les gifle sur la joue droite. Alors la question que beaucoup se posent, ce n'est pas de savoir si les chrétiens vont riposter, mais quand est-ce qu'ils vont le faire.
Franchement, on ne sait plus que dire de ce pays. On avait parlé de «poudrière identitaire» en Côte d'Ivoire au début des années 2000 après les massacres intercommunautaires au temps où le concept d'ivoirité faisait rage, mais il faut reconnaître que cette poudrière est une réalité au Nigeria depuis bien longtemps et elle se manifeste de façon sporadique par des violences entre les communautés et religions. Sans doute qu'à l'échelle du Nigeria, un grand pays de plus de 160 millions d'âmes, la mort de 150 personnes peut paraître comme une goutte d'eau, mais il n'en demeure pas moins que trop, c'est trop. Et il va falloir que ceux qui sèment la mort et la désolation se ressaisissent. A considérer la longue liste des tueries et des enlèvements, on a franchement l'impression que ce peuple est en train de creuser de façon méthodique sa propre tombe. A ce rythme-là, on se demande véritablement où est-ce que l'hécatombe va s'arrêter, surtout que l'Etat fédéral ne parvient pas vraiment à endiguer, encore moins enrayer cet engrenage funeste.
Cette situation est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le Nigeria ne parvient pas à être cette locomotive qu'il aurait dû être qui tire toute l'Afrique de l'Ouest. Au lieu de cela, le pays est devenu le théâtre d'une grande anarchie propice à tous les coups tordus aux antipodes du développement.
Pourtant, justement à cause de son gigantisme, beaucoup d'analystes politiques avaient pensé que le fédéralisme était la pierre philosophale de ce pays écartelé entre chrétiens et musulmans mais aussi entre une multitude d'ethnies à la rivalité séculaire. Cependant, aujourd'hui avec la situation qui y prévaut, on se demande bien si ce modèle politique n'est pas justement une partie du mal nigérian, eu égard à l'impuissance notoire de l'Etat fédéral à gérer et à juguler les conflits locaux qui poussent comme des champignons après la pluie.
A l'évidence, le Nigeria, à l'instar de la plupart des Etats africains, n'est pas encore une nation ; parce qu'une nation, c'est d'abord des gens qui reconnaissent leurs différences mais décident de vivre ensemble ; or là, on a des gens qui partagent le même territoire mais chacun aurait certainement souhaité avoir quelque part son petit lopin de terre pour le gérer comme il l'entend, monter son minaret ou son clocher à la hauteur qu'il veut.

Source : L’observateur Palga
Photos : Daouda Aliyou

Tuesday, November 8, 2011

Qui est Boko Haram ?

Le groupe Boko Haram -qui signifie «l'éducation occidentale est sacrilège»- milite pour l'instauration de la loi coranique, la charia, la plus stricte au Nigeria. Apparu dans ce pays en 2004, ce mouvement serait composé essentiellement d'étudiants ayant abandonné leurs études. Boko Haram se veut une version sub-saharienne des talibans afghans, mais sa vision radicale de l'islam n'est pas partagée par la majorité des musulmans nigérians. L'organisation la Jamaatu Nasril Islam a d'ailleurs condamné ses méthodes violentes.
Une série de conflits théologiques ont précédé le conflit ouvert entre le chef de Boko Haram et plusieurs théologiens de la ville, dont Ali Ibrahim Fantami et Malam Idris Abdul Aziz. Ces derniers avaient à plusieurs reprises invité Mohamed Yusuf à débattre des principes et doctrines de l'islam et l'avaient ridiculisé en raillant publiquement son manque de compréhension du Coran. Lors de l'une de ces controverses, Mohamed Yusuf, qui reconnaissait ne pas avoir été à l'école primaire, avait exprimé d'importantes réserves sur la théorie de l'évolution de Darwin, déploré que les neuf planètes du système solaire portent des noms de divinités païennes et rejeté la théorie du big bang et l'échelle des temps géologiques.
Les spécialistes de la région voient plutôt Boko Haram comme une secte, sans véritable visée politique. Les autorités nigérianes parlent de leur côté d'une organisation de fanatiques. Quant au quotidien Nigerian Tribune, il révèle que des hauts fonctionnaires du gouvernement auraient soutenu les activités de Mohamed Yusuf, le leader du groupe. Ainsi, un policier aurait frôlé le licenciement pour avoir, par le passé, osé l'arrêter. En 2008, dans une autre affaire, les services de sécurité de l'Etat avaient arrêté Yusuf, qui avait été déféré devant la justice puis acquitté en janvier 2009. Cette controverse montre bien, par son existence et au-delà de sa véracité ou pas, que la question religieuse ou confessionnelle n'est pas la seule source du conflit. Loin s'en faut.

La piste Al Qaïda : une hypothèse

Les liens déclarés de Boko Haram avec les talibans suggère un lien avec Al Qaïda. L'un des camps d'entraînement, installé à l'est, dans une zone poreuse frontalière du Niger, était même baptisé «Afghanistan». La proximité de la région avec le Sahel également. Un troisième élément remonte à 2001, quand l'Egyptien Ayman al Zawahiri prédisait que le Nigeria constituerait bientôt un nouveau front clé dans la guerre terroriste contre l'Occident.
Mais si un lien existait réellement avec Al Qaïda, pourquoi les islamistes nigérians n'ont-ils pas pris pour cibles des étrangers ? Scott Johnson relève bien qu'aucun Nigérian ne s'est retrouvé à Guantanamo, qu'il n'existe pas de fort sentiment anti-américain au Nigeria et pas de troupes américaines à proximité sur qui lancer des attaques. «L'Afrique de l'Ouest ne s'est pas révélée un terreau fertile pour le djihadisme... On n'y trouve pas de réseau islamiste régional», indique de son côté Peter Lewis, directeur du programme Afrique pour le SAIS (School for Advanced International Studies) de l'université John Hopkins. Le doute relatif à des liens avec le terrorisme international n'empêche pas l'existence de courants islamistes dont certains sont effectivement radicaux et violents. Plusieurs groupes sont apparus au Nigeria, divers et variés. Le catalogue va des wahhabites d'Arabie saoudite aux Frères musulmans égyptiens, en passant par des groupes ethnico-religieux. C'est ce qui explique que 12 Etats sur les 36 que compte le Nigeria ont adopté la charia en dix ans.
«La charia, au moins, peut revendiquer sa légitimité et sa stature morale dans une situation considérée par beaucoup comme amorale ou immorale, et où les dés sont pipés», confirme Lewis du SAIS. La seule cible de ces groupes a toujours été le gouvernement fédéral, dans la moindre revendication politique supranationale (Irak, Palestine, Afghanistan).
Le nord du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec au moins 150 millions d'habitants, est à dominante musulmane tandis que le sud du pays est majoritairement chrétien. Le taux de pauvreté (personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour) peut dépasser 70%.

Sunday, October 30, 2011

LAGOS: dans le bidonville de Makoko, le boom de la population africaine

Les pirogues glissent sans bruit sur l'eau noire de Makoko, un bidonville sur pilotis qui grignote chaque jour un peu plus la lagune de Lagos tandis que sa population, à l'image de celle du continent africain, ne cesse de croître.

Des dizaines de milliers de personnes vivent dans ces taudis de la capitale économique nigériane. Les conditions sanitaires y sont déplorables et il n'y a plus de place, ou presque, pour personne, selon l'un des chefs traditionnels, Jeje Albert Ayede, qui dit rejeter de nouveaux arrivants.
Cette semaine, la population mondiale atteindra officiellement sept milliards d'êtres humains, selon les Nations unies.
L'Asie est de loin le premier continent en nombre d'habitants mais l'Afrique celui dont la population augmente le plus vite. Ainsi, le Nigeria, son pays le plus peuplé avec 160 millions d'individus, devrait atteindre les 400 millions d'ici 2050, d'après les estimations de l'Onu.
Lagos, une mégapole de 15 à 18 millions d'habitants, est un pôle d'attraction pour toute la sous-région et ses infrastructures sont désormais largement dépassées. Un véritable casse-tête urbain: pas ou peu d'électricité, circulation dense et chaotique, routes défoncées et constructions anarchiques.
Les défis sont importants, reconnaît le ministre de l'Environnement de l'Etat de Lagos, Tunji Bello, en termes de logement, de transport, d'emploi et de sécurité.
"Mais une population importante n'est pas un désastre, c'est aussi un avantage énorme, la Chine en est un exemple clair, l'Inde aussi", ajoute M. Bello, soulignant l'intérêt des investisseurs étrangers pour de tels marchés.
Tous les observateurs s'accordent sur l'énorme potentiel du Nigeria, dont la population est souvent décrite comme créative et ayant un sens aiguisé des affaires.
Puissance pétrolière, le pays tire annuellement des milliards de dollars de l'exploitation de ses sous-sols. Mais la corruption élevée a jusqu'à présent largement freiné son développement.
L'emploi des jeunes est une source de préoccupation majeure. Les observateurs craignent que les chômeurs se tournent vers le crime et la violence, notamment dans le nord à majorité musulmane, où existent des mouvements radicaux.
Selon la Banque mondiale, il y aurait dans le pays jusqu'à 50 millions de jeunes sans emploi ou sous-employés. "Une bombe à retardement", estime John Litwack, économiste en chef de l'organisation au Nigeria, où la criminalité est déjà élevée. L'une des réponses, selon Tunji Bello, c'est "d'encourager les investisseurs à venir au Nigeria, à y établir des industries, des activités commerciales pour créer des emplois".
Dans une petite école perchée sur pilotis de Makoko, des enfants en uniforme bleu et jaune répètent après la maîtresse, Debby Jonathan. Agée de 18 ans, elle affirme gagner 8.000 nairas par mois, soit 35 euros.
A l'extérieur, c'est un ballet de pirogues. Makoko est une communauté de pêcheurs, les hommes partent tôt le matin avec leurs filets et les femmes fument et vendent ce qu'ils ont attrapé. Mariri Kpote, une vendeuse ambulante de médicaments croisée sur l'eau, affirme que "Makoko n'était pas grand comme ça avant". Elle y est née, ainsi que ses quatre enfants. Comme elle, beaucoup ici ont leurs origines au Bénin voisin.
Selon le chef Jeje Albert Ayede, les habitants du bidonville n'ont pas les moyens d'habiter ailleurs à Lagos. "L'argent qu'il faudrait dépenser au dehors, ils ne l'ont pas", dit-il.
Les autorités de la mégapole souhaitent démanteler les taudis comme Makoko. "Si vous ne faites pas attention, c'est un désastre environnemental en devenir", assure Tunji Bello.
Le gouvernement de Lagos projette notamment de construire des logements destinés à des locataires à faibles revenus. Mais il attend aussi davantage d'investissement de la part des autorités fédérales, qui n'ont jusqu'à présent pas joué leur rôle, selon M. Bello.

Wednesday, October 26, 2011

Secteur bancaire du Nigeria : Retour à la case départ ?

Quatre mois après la publication de l’article ci-dessous dans Notre Afrik No10 ( Avril 2011), le gouvernement nigérian a nationalisé trois banques privées en détresse : Bank PHB devenue Key Stone bank, Afribank ( Main street bank) et Spring bank (Enterprise bank). Le mois dernier, Access bank a racheté Intercontinental bank quand Eco bank a racheté Oceanic bank la semaine dernière.

Secteur bancaire du Nigeria : Retour à la case départ ?

Par Daouda Aliyou

Le secteur bancaire nigérian a évité in extremis la catastrophe en 2009. Limogeage de patrons de banques, injection de quatre milliards de dollars,
soit environ 2,8 milliards d’euros, dans neuf établissements et adoption de règles de gouvernance plus strictes… Telles sont quelques-unes des mesures qui sauvèrent ce secteur d’une débâcle certaine. Aujourd’hui, deux ans après, il a toujours du mal à se repositionner.

«Il n'y a pas de raison de s'alarmer, nous maîtrisons la situation.Vos épargnes sont en sécurité.» Ce message du gouverneur de la Banquecentrale du Nigeria, Mallam Sanusi Lamido, visant à rassurer les clients d’Intercontinental
bank PLC fin janvier dernier,a fait le tour des médias du pays. En effet, un sms téléphonique anonyme envoyé
aux clients de la banque faisait état de la détresse imminente d’Intercontinental bank, qui n’aurait plus de fonds
pour payer ses clients. Ces derniers s’empressèrent aussitôt de prendre d’assaut les différentes branches de la banque, où on enregistra des retraits massifs d’argent. Après deux jours d’opération, certaines branches d’Intercontinental se trouvèrent dans l’incapacité de régler leurs clients, faute d’argent. Sanusi Lamido
dut alors monter au créneau pour arrêter cette hémorragie financière. Il n’en demeure cependant pas moins que
le secteur bancaire nigérian est fragile et n’inspire plus totalement confiance.

Assainir le secteur et restaurer la confiance

Dès sa prise de fonction en juin 2009, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (BCN) avait promis d’assainir le secteur financier nigérian. Il avait également indiqué qu’il n’hésiterait pas à obtenir la démission de ceux des dirigeants de banque qui, dans la gestion de leurs établissements, s’écarteraient des règles prudentielles
de la Banque centrale. Ainsi, huit dirigeants de banques ont été contraints à la démission. Parmi les dirigeants limogés, on note ceux d’Afribank, Intercontinental Bank, Union Bank of Nigeria, Oceanic International Bank et
Finbank. A eux cinq, ces établissements bancaires affichaient dans leurs livres, au 31 mai 2009, des créances improductives de plus de 1 143 milliards de nairas (5,2 milliards d’euros), soit environ 41% de leur portefeuille global de crédits, estimé à 2 801,92 milliards de nairas (13 milliards d’euros). La palme est revenue à Oceanic International, avec plus de 278 milliards de nairas (2,7 milliards d’euros) de créances douteuses, suivie d’Intercontinental
Bank avec ses 210,90 milliards de nairas (924 millions d’euros) au remboursement incertain, et d’Afribank pour
141,58 milliards de nairas (185 millions d’euros). Au lendemain de son action, Sanusi Lamido avait immédiatement injecté quatre milliards de dollars dans ces banques pour stabiliser la situation et leur permettre de poursuivre normalement leurs activités. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, est également intervenu en faisant adopter par le Parlement une loi portant création d’une «bad bank» ayant pour vocation de débarrasser le secteur de tous les actifs toxiques. Cette structure, dénommée «Asset Management Company of Nigeria (Amcon)», similaire au fonds mis en place en 2008 par les Etats-Unis au lendemain de la crise des subprimes pour apurer le secteur bancaire, devrait racheter pour 16 milliards d’euros de créances douteuses des banques du Nigeria. Elle sera financée
par la Banque centrale et les banques commerciales elles-mêmes, seul moyen, selon les experts, de les responsabiliser. A l’origine de ce développement, les prêts de complaisance consentis par les patrons de ces banques à leurs amis et à certaines personnalités influentes du pays. Comme l’industriel Alhaji Aliko Dangote, considéré par le magazine Forbes comme le Noir le plus riche du monde, dont l’une des entreprises, Dansa Oil and Gas Ltd, reste redevable de plus de 8,836 milliards de nairas (39,5 millions d’euros) à Intercontinental
Bank. Il y a aussi les fringants dirigeants d’Access Bank Plc, Aig Imoukhuede et Herbert Igwe qui, par le biais d’United Alliance Company of Nigeria, doivent au même établissement plus de 16,247 milliards de nairas (70 millions d’euros). A cela s’ajoute la vie de prince que menaient les dirigeants de ces banques. La patronne d’Oceanic bank, Cecilia Ibru, disposait de trois avions personnels, alors que son collègue d’Intercontinental bank,
Eratus Akimbola, avait acheté 144 villas dans les quartiers luxueux de Lagos et à Abuja sous l’oeil complice de l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Charles Soludo (2004-2009), à qui les patrons de ces banques avaient offert un jet privé et finançaient ses voyages à l’étranger. Pour les observateurs, Charles Soludo est responsable des difficultés financières que vit aujourd’hui le secteur bancaire nigérian, jadis courtisé par les investisseurs
étrangers. Les experts continuent de s’interroger: comment les banques qui, en 2005, avaient versé chacune une caution de plus de 163 millions d'euros peuventelles sombrer cinq ans après?

Fin de la lune de miel?

Après une période d'amateurisme dans les années 1990 et début 2000, le secteur bancaire nigérian se portait mieux après la réforme lancée en 2004, les banques du pays avaient considérablement amélioré leurs services et augmenté leur chiffre d'affaires; à la grande satisfaction des clients et au profit de l'économie nigériane. Surles 25 banques que compte le pays, douz figuraient sur la liste des 1 000 premièresbanques du monde en 2007 et l’une d'entre elles avait occupé la 355e position. Un événement inédit depuis la création, en 1892,
de la première banque du Nigeria, sixième exportateur mondial de pétrole brut et pays le plus peuplé du continent africain. Cette prouesse des banques nigérianes est le résultat de la réforme lancée en 2004 par la Banque centrale du Nigeria (CBN). Avant cette date, ce secteur, animé par une pléthore de sociétés privées créées à la faveur de la libéralisation dans les années 1980, était en proie à d'énormes difficultés. Créées et dirigées par des amateurs, bon
nombre de banques privées détournaient les fonds de leurs clients et fermaient aussitôt boutique, quitte à réapparaître plus tard sous d'autres noms. La modicité de la caution exigée par l'Etat pour ouvrir une banque (200 millions de nairas, soit 1,3 million d'euros) et le manque de rigueur de la CBN favorisaient de tels agissements.
Les investisseurs, découragés, préféraient à la grande satisfaction des clients et au profit de l'économie nigériane. Sur les 25 banques que compte le pays, douze figuraient sur la liste des 1 000 premières banques du monde en 2007 et l’une d'entre elles avait occupé la 355e position. Un événement inédit depuis la création, en 1892,
de la première banque du Nigeria, sixième exportateur mondial de pétrole brut et pays le plus peuplé du continent africain. Cette prouesse des banques nigérianes est le résultat de la réforme lancée en 2004
par la Banque centrale du Nigeria (CBN). Avant cette date, ce secteur, animé par une pléthore de sociétés privées créées à la faveur de la libéralisation dans les années 1980, était en proie à d'énormes difficultés.
Créées et dirigées par des amateurs, bon nombre de banques privées détournaient les fonds de leurs clients et fermaient aussitôt boutique, quitte à réapparaître plus tard sous d'autres noms. La modicité de la
caution exigée par l'Etat pour ouvrir une banque (200 millions de nairas, soit 1,3 million d'euros) et le manque de rigueur de la CBN favorisaient de tels agissements. Les investisseurs, découragés, préféraient s'adresser aux banques étrangères, ce qui avait eu des conséquences dramatiques sur l'économie nigériane, déjà plombée par la corruption ambiante. Tout avait commencé à changer en juillet 2004, lorsque l’ancien président
Olusegun Obasanjo, engagé dans une politique de redressement de l'économie, avait nommé à la tête de la CBN
Charles Soludo, professeur d'économie et ancien consultant à la Banque mondiale. Le nouveau gouverneur avait pris la décision de multiplier par 125 la caution bancaire (soit 25 milliards de nairas, 163 millions d'euros) et avait sommé les établissements de s'y conformer avant fin décembre 2005. La plupart des 89 banques du pays avaient alors vendu leurs actions ou fusionné, donnant ainsi naissance à 25 entreprises «crédibles» à l’époque, selon la CBN. Dopées par la reconstitution de leur capital et seules sur un marché de plus de 150 millions de clients potentiels, elles avaient installé en deux ans, dans tout le pays, plus de 4 000 succursales, soit le double de l'effectif d'avant la réforme. Elles avaient amélioré par ailleurs leurs prestations en permettant, par exemple, à leurs clients de faire des retraits à tout moment, grâce à des machines automatiques installées à leur devanture. Plus question de faire la queue! «Maintenant, quand je veux faire un dépôt, il me suffit d'appeler la banque qui m'envoie aussitôt
l'un de ses agents», s'enthousiasme Alhabji Suleymane Imodola, commerçant à Lagos, la métropole économique.
«L'opération effectuée, on m'en informe sur mon téléphone portable et je suis l'évolution de mon compte sur Internet. C'est formidable!», poursuit-il. Hélas! Cette joie risque de faire place à l’amertume les mois à venir si le gouvernement n’y prend garde. Mais Mallam Sanusi Lamido, l’actuel gouverneur de la Banque centrale, rassure: «Je ferai tout pour améliorer les ratios de ces banques par la promotion de la bonne gouvernance.» Et déjà, les banques sudafricaines, chinoises ainsi que certains poids lourds de la finance mondiale comme le fonds Renaissance Capital
ont manifesté leur intention de racheter les banques «malades». Aussi, quatre de ces banques sont-elles en négociation depuis février dernier pour examiner les possibilités d’une fusion.

Monday, October 17, 2011

Le secteur privé au Nigeria soutient le plan du gouvernement de supprimer la subvention sur le carburant

Soutenant que le régime actuel de subvention des prix à la pompe des produits pétroliers au Nigeria est inefficace et constitue un gaspillage des ressources nationales, le secteur privé organisé du pays a soutenu le plan du président Goodluck Jonathan de supprimer cette subvention.
Les patrons du secteur privé ont affirmé leur soutien au président Jonathan à la fin d’une réunion présidentielle de deux jours à Abuja, la capitale nigériane, à l’intention des dirigeants des secteurs public et privé.
Le porte-parole du groupe du secteur privé et éditeur du journal, Thisday, Nduka Obaigbena, a déclaré que "la majorité des Nigérians ne profitent pas actuellement de la subvention sur les produits pétroliers qui arrange plutôt une infime minorité".
Le groupe du secteur privé, dont la position a été approuvée par 42 des 45 participants à la réunion, a également souligné que le fardeau financier de la subvention était insoutenable et indéfendable dans un pays où les infrastructures essentielles, le développement humain et des capitaux ont un besoin énorme d’investissement.
M. Obaigbena a déclaré : "Nous avons noté que le gouvernement fédéral avait promis une large consultation avec les syndicats, les organisations de la société civile, entre autres intervenants, afin d’assurer un large soutien à la déréglementation concernant le bénéfice d’un régime de prix dérèglementés, en particulier l’impact sur l’amélioration des moyens de subsistance des Nigérians".
Le magnat de l’industrie au Nigeria, Aliko Dangote, s’est fait l’écho de la position du secteur privé organisé, en déclarant aux journalistes à la fin de la réunion que "la subvention ne profite à personne. Si les travailleurs ont vraiment raison dans leurs revendications, ils doivent aller se battre pour le diesel et le carburant à faible teneur parce que c’est vraiment ce qui intéresse les masses".
"Les masses se déplacent toujours en autobus. Avez-vous déjà vu la foule voyager en avion ? Non ! Le kérosène pour les avions a été déréglementé pendant les 11 dernières années. Le diesel a été déréglementé, et nous payons 160 nairas, soit 140 nairas par litre. Pour le carburant à faible teneur, nous payons de 25 nairas à 90 nairas. Et ces mêmes travailleurs ne sont pas descendus dans la rue pour réclamer des subventions qui peuvent même pousser les usines qui les emploient à fermer", a-t-il déclaré.
"Nous nous demandons pourquoi le gouvernement devrait-il donner 200 milliards de nairas en termes de subvention par mois, lorsque nous ne disposons pas de bonnes routes, entre autres choses. Alors laissez le gouvernement affecter l’argent pour développer le pays, fournir de l’électricité et les autres équipements sociaux", a poursuivi M. Dangote.
Le gouverneur de l’Etat d’Anambra, Peter Obi, a ajouté : "la subvention sur le carburant n’est pas viable car nous n’avons pas de financement pour combler une telle perte. Tout ce qui est récupéré avec la suppression des subventions sera réaffecté à la reconstruction des infrastructures publiques, ce qui va éventuellement stimuler la compétitivité et les affaires au Nigeria et créer des emplois".
Il a estimé que "les Nigérians devraient tenir le gouvernement responsable. Tout le monde doit s’unir pour s’assurer de l’utilisation judicieuse des fonds".

Thursday, October 13, 2011

NIGERIA: Chronologie de l'activité de Boko Haram

Suite à une série d'attaques de plus en plus violentes orchestrées par le groupe « terroriste » Boko Haram, le gouvernement nigérian a mis en place une commission pour définir le meilleur moyen de faire face à la menace. Publié le 26 septembre, le rapport de la commission incite fortement au dialogue et à la négociation, quoique cette voie ait déjà été rejetée précédemment par les membres de la secte Boro Haram. Selon le vice-président Namadi Sambo, le gouvernement est actuellement prêt afin de décider la politique à adopter ; cette politique sera expliquée dans un Livre blanc qui doit sortir prochainement.

L'article suivant est une chronologie des attaques de Boro Haram (BH) depuis 2003.

3 octobre 2011 : Une attaque sur le marché de Baga, à Maiduguri, dans l'Etat de Borno, fait trois morts. Les victimes étaient un vendeur de thé, le propriétaire d'une pharmacie et un passant.

1 octobre 2011 : Un boucher et son assistant sont tués par des hommes armés de BH au marché de Baga, à Maiduguri, au cours d'un assassinat ciblé. Un autre incident provoque la mort de trois personnes dans une fusillade, suite à une attaque à la bombe et des coups de feu dirigés contre le véhicule d'une patrouille militaire qui livrait de la nourriture aux soldats d'un poste de contrôle à Maiduguri. Les trois victimes étaient des civils.

17 septembre 2011 : Babakura Fugu, beau-frère du chef de BH, Mohammed Yusuf, tué [en juillet 2009], est abattu devant chez lui à Maiduguri par deux membres de la secte, deux jours après avoir assisté dans cette ville à une réunion pour la paix avec l'ex-président nigérian, Olusegun Obasanjo.

13 septembre 2011 : Quatre soldats sont blessés par balles dans une embuscade organisée par des membres de BH à Maiduguri, peu après l'arrestation de 15 membres de la secte après les raids militaires sur des planques de BH dans la ville.

12 septembre 2011 : Sept hommes, dont quatre policiers, sont tués par des hommes armés de BH dans une fusillade et une attaque à la bombe contre un commissariat de police et une banque à Misau, dans l'Etat de Bauchi. Les attaquants ont emporté de l'argent.

4 septembre 2011 : Le chef religieux musulman Malam Dala est abattu par deux membres de BH devant chez lui dans le quartier de Zinnari à Maiduguri.

1 septembre 2011 : Une fusillade entre des hommes armés de BH et des soldats à Song, dans l'Etat d'Adamawa, tue un membre de la secte ; un autre est blessé et capturé.

26 août 2011 : BH reconnaît être responsable de l'attaque suicide à la bombe contre le siège des Nations Unies à Abuja qui a fait 23 victimes.

25 août 2011 : Des fusillades et des attaques à la bombe par BH contre deux commissariats de police et deux banques à Gombi, dans l'Etat d'Adamawa State, font au moins 16 morts, dont sept policiers.

27 juin 2011 : Une fusillade et une attaque à la bombe par BH contre un bar en plein air de Maiduguri cause la mort d'au moins 25 personnes et fait des dizaines de blessés.

20 juin 2011 : Sept personnes, dont cinq policiers, sont tuées au cours de fusillades et d'attaques à la bombe contre un commissariat et une banque à Kankara, dans l'Etat de Katsina.

16 juin 2011 : BH cible le siège national de la police à Abuja, tuant deux personnes.

7 juin 2011 : Des attaques mises au compte de la secte, contre une église et deux postes de police, font au moins 14 morts.

6 juin 2011 : Le chef religieux musulman Ibrahim Birkuti, critique envers BH, est abattu par deux membres armés de BH en moto, devant chez lui à Biu, à 200 kilomètres de Maiduguri.

29 mai 2011 : Trois bombes éclatent dans le bar en plein air d'une caserne militaire dans la ville de Bauchi au nord du pays, faisant 13 morts et 33 blessés. BH revendique l'attentat.

27 mai 2011 : Un groupe de quelque 70 hommes armés soupçonnés d'appartenir à BH tue huit personnes, dont quatre policiers dans des attaques à la bombe et des fusillades simultanées contre un commissariat de police, une caserne de police et une banque à Damboa, dans l'Etat de Borno, près de la frontière avec le Tchad.

29 décembre 2010 : Des hommes armés, membres présumés de BH, abattent huit personnes à Maiduguri, notamment le candidat au poste de gouverneur du parti au pouvoir dans l'Etat de Borno, le Parti des peuples du Nigéria (ANPP).

24 et 27 décembre 2010 : Une série d'attaques revendiquée par BH dans la ville de Jos au centre du pays et à Maiduguri fait au moins 86 morts.

7 septembre 2010 : Un groupe d'hommes armés de BH libère plus de 700 prisonniers, dont une centaine de membres de la secte, d'une prison de Bauchi. Quatre personnes - un soldat, un policier et deux détenus - sont tués au cours du raid.
26 juillet 2009 : BH lance dans certains Etats du nord un soulèvement qui est écrasé en peu de temps par l'armée. Cette riposte violente fait plus de 800 victimes, pour la plupart des membres de la secte, dont le chef de BH, Mohammed Yusuf. Une mosquée de la capitale de l'Etat de Borno (Maiduguri) qui servait de quartier général à la secte est incendiée.

2005-2008 : BH disparaît dans la clandestinité, réduit le nombre de ses attaques, se concentre sur le recrutement de nouveaux membres et le renforcement de ses ressources.

10 octobre 2004 : Des hommes armés de BH attaquent un convoi près de la ville de Kala-Balge, sur la frontière avec le Tchad. Les militants prennent 12 policiers en otage. Les autorités policières présument que ces derniers ont été éliminés par les attaquants, car il a été totalement impossible de retrouver leur trace.

23 septembre 2004 : Des miliciens de BH attaquent des commissariats de police dans les villes de Gwoza et Bama, dans l'Etat de Borno, tuant quatre policiers et deux civils. Ils se réfugient dans les montagnes de Mandara, le long de la frontière entre le Nigeria et le Cameroun. Des soldats et deux lance-roquettes sont déployés dans les montagnes et en deux jours de combat, 27 membres de la secte sont tués, tandis que le reste réussit à s'échapper. Cinq membres de BH qui tentaient de passer au Cameroun sont arrêtés par des gendarmes camerounais qui avaient été alertés par les autorités nigérianes. Les cinq hommes sont déportés et remis aux autorités nigérianes.

7 janvier 2004 : Sept membres de BH sont tués et trois autres arrêtés par une équipe de vigiles locaux aux abords de Damboa, dans l'Etat de Borno, près de la frontière du Tchad. Des sacs emplis de fusils d'assaut AK-47 sont récupérés auprès des membres de la secte.

Juin 2004 : Quatre membres de BH sont tués par des gardiens de prison dans une évasion manquée à Damaturu, la capitale de l'Etat de Yobe.

23-31 décembre 2003 : Un groupe de quelque 200 militants de HB lance des attaques sur plusieurs commissariats de police dans les villes de Kanamma et de Geidam dans l'Etat de Yobe, à partir de l'enclave [où ils se sont réfugiés] aux abord de Kanamma sur la frontière entre le Nigeria et le Niger. BH tue plusieurs policiers et s'empare des armes et des véhicules de la police. Suite au déploiement de troupes militaires organisé pour contenir l'insurrection, 18 membres de BH sont tués et un certain nombre sont arrêtés.

Thursday, October 6, 2011

Pourquoi le Nigeria est Sous-développé ?

Mr. Richard Dowden, directeur de la Société africaine de Londres, a identifié la corruption endémique, la mauvaise politique, l'échec des politiques économiques, la sur-dépendance vis à vis du pétrole, le favoritisme dans les nominations et la mauvaise réputation du pays comme les sources principales de la lenteur du développement du Nigeria
Dowden, qui était le conférencier hôte de la conférence commémorative de l’indépendance à Abuja, a déclaré à un rassemblement de hauts fonctionnaires du gouvernement, y compris les membres du Conseil exécutif fédéral, dirigé par le président Goodluck Jonathan, le Président de la Chambre des représentants, gouverneurs et autres, que la découverte du pétrole a été une malédiction pour le Nigeria, dans la mesure où elle l'a conduit à la corruption, au pillage des ressources par les responsables gouvernementaux corrompus.
Le conférencier qui a noté que les principaux acteurs du secteur privé ont également contribué aux pauvres indices économiques du pays, avec l'habitude de pratiques frauduleuses telles que l'évasion fiscale, a ajouté que les difficultés économiques du Nigeria ont commencé avec l'avènement du pétrole, qui, selon lui, a conduit à un manque d'initiative de la part des gouvernements successifs.
Dowden, qui a prononcé la conférence, intitulé «Nigeria en transformation» au Tafawa Balewa House, siège du ministère des Affaires étrangères, a déclaré que pour que le Nigeria puisse revenir à l'ère post-indépendance dans laquelle il enregistrait de l'excédent commercial, les investissements doivent être faits en vue d'exportation des cultures de rente.
Il a épinglé les membres de l'Assemblée nationale, pour leurs salaires qui sont les plus élevés au monde en tant que parlementaires. Dowden a averti que le pays ne pouvait pas continuer avec la disparité socio-économique entre les riches et les pauvres.
« Je crois que le pétrole est une malédiction, a-t-il déclaré, comme dans le cas légendaire du roi Midas. Lorsque le roi Midas était roi, il voulait que tout ce qu'il touchait se transforme en or. Tout ce qu'il touchait se transformait en or, mais il a fini par mourir de faim ! En effet, quand il touchait la nourriture et les boissons, elles se transformaient en or. Est-ce que le pétrole a rendu ce pays riche ? Non, bien au contraire ! »
Ancien correspondant de la BBC Michaela Wrong et un poète de renom, Odia Ofeimun, participants à la conférence, ont appelé le gouvernement à mettre fin à la distribution inégale des richesses qui va de pair avec la réduction des opportunités pour les Nigérians aux échelons inférieures de la société.
Le président Jonathan, dans son allocution qui a suivi les commentaires des invités, a réitéré l'engagement de son administration à transformer le pays. Il a préconisé une meilleure présentation du Nigeria par les médias et les élites, auxquels il a reproché de se livrer au lavage de cerveau d’un public acculé au désespoir.
Le président, tout en promettant d'améliorer l’alimentation, a insisté qu'il pourrait initier le changement par la création d'institutions, et l’appel aux meilleurs cerveaux de la diaspora à rentrer chez eux pour contribuer au développement national.
Il a déclaré qu’à l’issue de son programme de réformes, le Nigeria en finira avec les déficits budgétaires et abordera le retour à la stabilité, à la transformation complète de son statut de pays dépendant des produits pétroliers.
« Quand je vois des gens dans mon bureau, je dis toujours que seulement quelques personnes auraient eu besoin de me voir si le système fonctionnait. Les Ministres n'ont pas besoin de me voir si le système fonctionne. »
«Les ministres ont un budget approuvé par l'Assemblée nationale pour faire fonctionner leurs ministères, leurs projets récurrents et spéciaux. S’ils sont compétents, ils peuvent gérer leurs domaines d'une manière telle que les Nigérians sauront qu'ils font du bon travail », a-t-il ajouté.
« Beaucoup de choses n'ont pas été faites correctement, nous avons beaucoup de points négatifs, en raison de cela probablement, et parce que beaucoup de choses ont besoin de l'intervention du président, vous avez envie de modifier les choses qui ne tournent pas rond. Maintenant nous sommes dans le processus de réalisation de ces corrections, une fois que nous auront fini avec ce type de restructuration, le Nigeria, se trouvera à sa juste place, là où nous voulons qu’il soit, je n'ai aucune crainte à ce sujet.
«Le problème du pétrole qu’a soulevé Dowden est vrai. Tous les pays dotés de ressources minières ou pétrolières ont tendance à engendrer la corruption. L'industrie extractive a tendance à engendrer la corruption. J'ai fait la déclaration quelque part, que dans dix ans ou à peu près, nous devrions être en mesure de gérer le pays sans pétrole. Et nous pouvons le faire.
« Si vous regardez la taille du Nigeria, de toutes les importations générales qui viennent en Afrique, 20% viennent chez nous. Si nous gérons bien les ports seuls, le revenu généré sera suffisant pour faire fonctionner le gouvernement.
« Parce qu'il y a beaucoup de réseaux obscurs, les choses ne sont pas bien faites, les marchandises doivent être apurées dans d'autres pays et transférées vers le Nigeria. Et si on fixe un certain nombre de choses que nous devons corriger, les gens peuvent se plaindre que c’est de la politique, mais nous devons faire ces choses, nous n'avons pas le choix. Lorsque toutes ces institutions seront fixées dans dix ans nous pourrons gérer le pays sans le pétrole.
« Pour nous, en tant que peuple, nous devons regarder les autres et apprendre là où ils ont bien fait et ne pas copier leurs erreurs. Il a été écrit dans son livre et il a fait la déclaration ici que tout le monde pensait que le pays allait s'effondrer, que le Nigeria va être un État défaillant. Mais le Nigeria est en mouvement.
« Il a dit que nous avons de très bons cadres, certains des universitaires, il a demandé pourquoi ne pouvons-nous pas nous prendre en main, et tel est le point nodal. Nous avons des gens fantastiques dans le monde entier, pour nous d'avoir 25 000 médecins qui travaillent en Amérique, la question est de savoir comment pouvons-nous utiliser ces talents et ces cerveaux que nous avons pour faire évoluer ce pays?
«Je promets aux Nigérians que sûrement, nous allons faire évoluer ce pays. Nous allons employer tout ce que nous avons à construire des institutions fortes pour faire évoluer ce pays. »

Thursday, September 29, 2011

BOKO HARAM : La psychose

Le mot Boko Haram fait aujourd’hui courir les Nigérians et tous ceux qui vivent au Nigeria. Après une trentaine d’attentats à la bombe, les agents des forces de l’ordre courent toujours après les membres de cette secte radicale. Pire, Boko Haram refuse de dialoguer avec le gouvernement nigérian et ne veut pas entendre parler d’amnestie. Ce qui complique la situation. Le Chef d’état major de l’armée nigériane, Oluseyi Pentenrin a déclaré mardi que cette secte est financée par des organisations internationales. Récemment, de mon retour de Dubai dans les Emirats Arabes Unis, j’ai rencontré dans l’avion un haut gradé de l’armée nigériane, nous avons largement parler de l’insécurité au Nigeria et surtout de la secte Boko Haram, j’ai eu peur pour le Nigeria et le président Goodluck Jonathan. Je suis en train de peser le pour et le contre de son interview avant de la publier sur ce blog.
En attendant, je vous propose une interview que le porte-parole de la secte Boko Haram, Aliu Tshisau a accordée récemment à une chaine de télévision de la place. Je le publie en Anglais telle qu’elle est sans la traduire pour garder l’originalité de l’interview. Heureusement que mes 780 contacts ( amis ) sont bilingues sauf quelques uns comme Aline, au Bénin, qui auront recourt au dictionnaire pour lire cette interview.

Bonne lecture !

What is Boko Haram about?

Our aim is to spread Islam all over Nigeria, that is our mission and I want people to understand that our correct name is Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’awati wal-Jihad. Those calling our group Boko Haram do so to discredit the group and it ideas. It was formed at three fundamental levels.
The first level from which our group emerged was from people in this country who, for selfish reasons, recruited young people and sometimes children and sent them overseas for education. In reality, these people are totally ignorant of the reasons why these big men take them abroad. In the name of education, these young men are taken to mostly Arab countries and turned into militants who respect only those who sponsored them abroad. Those big men who sponsor these youths don’t have any conscience and no love for this country.
It all started in 2004 when the Government of Mauritania fell.
It is similar to what is happening in Libya now, though slightly different. When the government in Mauritania fell in 2004, some individuals from that country came into Nigeria to recruit some youths as mercenaries to join forces with them to overthrow the government in power.
The second level of our membership is made up of young men who were recruited by our late leader, Mohammed Yusuf. Yusuf was approached by some people from Mauritania to recruit more Nigerians to continue with the struggle in Mauritania. The grounds were that this young people were being recruited to further their Islamic studies. They were to serve as a support group to the Mauritanian army. But our leader Mohammed Yusuf rejected the plan. But a number of Nigerian big men who were involved in the Mauritania struggle were angry with Yusuf. This led to a disagreement which pitched the young men loyal to Yusuf against those backing the big men. Yusuf, however, insisted on genuine Islam whereas those opposing him were mercenaries who were willing to serve their master’s interest in Mauritania.

At what point did they leave perfect Islam and become violent?

Whatever I am telling you now I have already made available to the SSS when they arrested me. There was a misunderstanding within the group and this disagreement was between those who received military training in Mauritania and those who were loyal to Yusuf. The SSS infiltrated our ranks and began to arrest many of those who were militants. However, as they were arrested some big men moved in to ensure that the court released them and they came back caused more problems within our group.
In 2009 the disagreement developed into a crisis in areas where our group was spreading Islamic ideals. I was in charge of our operations in Bauchi, Gombe and Plateau. The crisis was more in Bauchi State in two locations and in Kano in one location. In Bauchi, a group began to lay claim to a mosque that was built by our group. This caused a major crisis again and a young girl was kidnapped in Bauchi and taken to Borno State. Our group was fingered but we told one intelligence officer, Bala, who was investigating the case that her relations took her to Borno and if the issue was not handled well it could cause a crisis. The SSS directed us to contact the Commissioner of Police in Borno State to secure the girl’s release. We were still in the process when the Bauchi State governor directed that members of our group should be driven away from the state. That was how our people started to resist the forced evacuation and the crisis with the government spread to Borno State. In fact, the crisis began in Bauchi and not Borno.
Anytime there is a bombing in Nigeria Boko Haram claims responsibility, for example, four times in Borno, Police headquarters and UN office in Abuja.
Yes, we bombed some of those places you mentioned. Remember that I told you that some of our members were recalled from military training in Mauritania. Among them were three specialist in bomb making.
When this crisis began I made a move to the authorities advising that the arrest of Boko Haram members would not bring an end to the crisis. I suggested that the government should stop the arrest and release those already arrested. Let me repeat it today, government should rebuild houses, mosques and schools demolished in Bauchi and Borno states. Government should not interfere in the genuine worship of our group and ensure justice for all. If these are not in place, I predict that the Nigerian situation may become like what is happening in Somalia.
I give this warning because many of those young men who went to Mauritania are being attracted back home because of the violent situation brought by the present crisis.
When I gave my advice, the police chased and arrested me, and kept me in detention. Before I was detained, I gave the police the video recordings of how some of how our members were being given military training, but the IGP ordered that I should be detained. I was left in detention for 10 months.
But those things that I warned about are playing out today. While I was in detention, I was in contact with our people and I still gave forewarnings to the authorities about attacks. I even told them beforehand whenever an operation was to take place. The bombing of the police headquarters had been planned and on many occasions and I had always told them in advance.
In fact, Bala had helped the police because each time I got in touch with him he worked to avert the attacks. If not, the police headquarters would have been bombed before now. Three days before the attack I warned the police that there would be an attack in Abuja that would embarrass the security authorities. Also, after the bombing of the police headquarters, I was summoned before the IGP and given a GSM phone. I called the person who planned and led the attack and we spoke right in front of the IGP. So, all these terror attacks are caused by the negligence of government.
Since I was released from detention, I have rejoined my group and some of us have warned our members to stick to the original ideals of our leader, Yusuf. He did not tell us to kill innocent people or to break into and steal from banks. If there is a conflict between the faithful and the authorities our opposition should be against the authorities and not the talakawas.

There are allegations that Boko Haram is being sponsored by some top level politicians, is it true?

The truth is that politicians are the root cause of this Boko Haram problem. For instance, in Borno State, the governor sponsors a group of armed youths known as ECOMOG. It is this ECOMOG that the governor formed and looks after, above the police, SSS and other security agencies. In Gombe State, the governor has the Kalari. I was once contacted by a governorship candidate to kill an opponent for a fee. The security agencies know what I am telling you.
In Bauchi there is the Tarafuka, an armed group sponsored by the government, and the government watches on, even when we have the SSS and police. That is why our new leader, Mallam Abubakar Shekau, is calling on the youths to disregard all government in the country – a call that has that has brought him and the group into conflict with the government. Some politicians are now taking the advantage of the conflict between the Boko Haram leadership and the authorities to execute their own agenda.

Did Boko Haram bomb the United Nations Office in Abuja?

I would not answer the question of whether Boko Haram bombed the UN building or not for some reasons.

Did Boko Haram bomb the Police headquarters in Abuja?


Yes, we bombed the police headquarters in Abuja. I told you earlier that when the bombing of the Police headquarters happened I called the person who led the attack, I was in front of the IGP. Yes, we bombed the police headquarters in Abuja. They asked me why we bombed the police headquarters and I told him (IGP) in his presence that it was because of his statement in Maiduguri that the days of Boko Haram were numbered.

Why does Boko Haram bomb army barracks and attack police and security operatives?
What do they do to affect Islam or the work of Boko Haram?

It is because of the indiscriminate killing of our members and innocent people by the police without trial. They arrest innocent people harass and shoot them and the authorities do nothing about it. Why should we then leave the police?

Boko Haram is asking for Sharia in all the Northern states, and the states have Sharia, so what is the problem again?

I have been waiting for this question. I was in detention when it was said that Boko Haram had threatened to turn the entire North, or the country, into a Sharia state. Since I came out of detention have you heard that Boko Haram is threatening to turn the whole of Nigeria into an Islamic nation? The truth is that those spreading such information are just lying against us. What we are demanding is that those states that have independently declared their states Sharia states should implement it to the letter. Have you seen Sharia cut the hand of someone who steals a cow head, while someone who corruptly enriches himself is left to go free? They have chased away local prostitutes and brought in international red light prostitutes to replace them. They have also banned local alcoholic drinks, yet they drink imported spirits in their respective government houses. Is that Sharia? They are insincere, so they must be effective in the implementation of Sharia. Sharia is being abused. I pity this country. Mauritania that does not have any wealth exported Boko Haram into Nigeria. Now, Libya that has money and wealth has collapsed. Who says that this countries would not bring something worse than Boko Haram into Nigeria?

Monday, September 12, 2011

NIGERIA : UN PAYS DANS LE NOIR

Par Daouda Aliyou

Sixième producteur mondial de pétrole avec plus de 150 millions d’habitants, le Nigeria produit moins de 4 000 mégawatts d’électricité par jour. Une situation absurde qui plonge non seulement le pays dans le noir, mais plombe également son économie

«Je suis soudeur de formation mais faute d’électricité, je ne peux pas travailler.Et comme j’ai une famille à nourrir, j’ai cédé à la tentation de voler», explique avec émotion Emeka Anayo devant le juge du tribunal d’Ebute Metta à Lagos, lorsqu’il comparait, en février dernier, pour vol à main armée. Les propos d’Emeka résument la condition de la plupart des travailleurs nigérians qui se sont retrouvés au chômage suite à l’arrêt des activités de plusieurs compagnies pour insuffisance d’électricité. Le caractère aléatoire de la distribution de l’énergie électrique au Nigeria est si grave qu’il freine des investisseurs étrangers. En dépit des milliards de dollars injectés dans ce secteur depuis 1999, les Nigérians broient toujours du noir…

Black out

Le Nigeria qui produisait environ 40 000 mégawatts d’électricité par jour au lendemain de son indépendance en 1960 n’en produit que 3 500 aujourd’hui. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette chute. Les centrales électriques construites entre 1963 et 1991 ont fait l’objet de négligence par les différentes administrations pendant plusieurs années ainsi que les barrages thermiques qui fonctionnent tous en dessous de leur capacité. Même constat du côté des stations thermiques qui, en principe, devraient être révisées tous les quatre à six ans. Mais la société nationale d’électricité n’a jamais respecté le programme de maintenance de ces machines. Ses responsables plaident le manque de fonds. Selon eux, le budget alloué chaque année par les différents gouvernements est insignifiant. La situation a même empiré sous l’ère des militaires qui ont passé 25 ans au pouvoir, dont 16 d’affilée. Il est à rappeler que le Nigeria a connu six coups d’Etat. Même le retour du pouvoir aux civils en 1999 n’a rien changé à la situation. Lorsque le président Olusegun Obasanjo a pris les commandes, un budget spécial a été voté pour acheter les pièces de rechange. En huit ans, le gouvernement d’Obasanjo a englouti quelques 13 milliards de dollars dans le secteur énergétique. Sans résultat! Cette somme a terminé sa course dans les poches des proches de l’ancien président Olusegun Obasanjo, qui étaient chargés de mettre ces centrales en état. Conséquence: Sur les treize centrales, seules trois fonctionnent. Mais en dessous de leur capacité. Ainsi l’électricité est-elle devenue une denrée très rare. En 2007, feu Umaru Musa Yar’Adua avait promis aux Nigérians une production journalière de 6 000 mégawatts d’électricité en décembre de la même année. Les 5 millions de dollars investis dans le secteur n’ont eu aucun effet. Et il est mort en mai 2010 sans pouvoir tenir sa promesse.


Corruption comme obstacle

Au regard des milliards de dollars engloutis dans le secteur énergétique entre 1999 et 2010, les experts s’accordent sur le fait que le plus grand problème de la Société nationale de l’électricité (PHCN) est la corruption accrue qui la gangrène. La situation devient de plus en plus compliquée. Raison? La crise énergétique a donné naissance au cartel des importateurs et vendeurs de groupes électrogènes. Un marché en plein essor au Nigeria. Il a été prouvé que des membres de ce cartel remettent des chèques aux montants exorbitants aux différents directeurs de la Société nationale d’électricité à travers le pays, afin que ces derniers négligent davantage les infrastructures et permettent à leur marché de prospérer. Pire, ce cartel, craint par le pouvoir central, fait partie des intouchables de la société. C’est pourquoi l’on se demande si le Nigeria pourra un jour résoudre son problème d’électricité. C’est pourtant la population qui paie les pots cassés et, par ricochet, l’économie nationale. Aujourd’hui, le groupe électrogène est devenu la principale source de fourniture de courant au Nigeria et neuf Nigérians sur dix en possèdent au moins un. Cet engin qui était l’apanage des fortunés est maintenant à la portée du Nigérian moyen. La qualité inférieure est montée sur place avec tous lesrisques que cela comporte. Entre 2008 et 2010, le groupe électrogène a tué près de 100 personnes. Si ne n’est pas une famille entière qui meurt asphyxiée dans une chambre pour avoir inspiré l’oxyde de carbone qui se dégage du groupe électrogène, c’est plutôt l’engin qui prend feu, incendiant des maisons d’habitation. Des incidents qui sont aujourd’hui monnaie courante au Nigeria. N’empêche que le groupe électrogène constitue un mal nécessaire, y compris pour les industries.

Les compagnies ferment

Une société moyenne utilise 20 000 litres de diesel par jour. Avec le litre du diesel qui coûte 148 nairas soit un peu moins d’un dollar, la société doit décaisser 20 000 dollars en sept jours pour faire fonctionner les groupes électrogènes 24 heures sur 24. Les sociétés qui ne peuvent supporter ce fardeau ont cessé leurs activités, d’autres ont réduit leur masse salariale. Selon le rapport 2010 de l’Association des fabricants du Nigeria (MAN), 834 compagnies ont mis la clé sous le paillasson l’année écoulée. Il ressort de ce rapport que 176 compagnies ont fermé au Nord du pays, 178 au Sud-est, 46 au Sud et 225 sociétés dans le Sud-ouest. Pour l’Association nationale des fabricants, «tant que le gouvernement ne trouve pas de solution à la crise de l’électricité, lesconsommateurs continueront de payer les pots cassés et le Nigeria ne pourra pas faire face à la concurrence sur le marché de l’export». La situation constitue déjà un manque à gagner énorme pour l’économie nationale. Et pour cause! Plusieurs compagnies nigérianes se sont installées au Ghana. Le gouvernement ghanéen, pour décourager
l’afflux de ces industries, a imposé une taxe annuelle de 300 000 dollars à chaque société. Le président nigérian, à la demande de la communauté nigériane au Ghana, a envoyé des émissaires auprès de son homologue ghanéen pour la réduction de cette taxe jugée très exorbitante. Les pourparlers sont en cours.

Mettre fin à la crise de l’électricité

«Je vais mettre fin à la crise de l’électricité en douze mois si vous votez pour moi!» Telle est la promesse «électrique» que le président Goodluck Jonathan a faite à la population lors de ses 40 jours de campagne électorale, qui l’ont conduit dans les 36 Etats de la fédération. Avant son élection le 16 avril dernier, il avait déjà élaboré une feuille de route visant à réhabiliter le secteur électrique. Ce projet, qui coûtera 500 millions de dollars, consistera en la construction de nouvelles centrales. Mais contre toute attente, au lendemain de sa victoire à la présidence, le président change de fusil d’épaule et envisage de privatiser la société nationale de l’électricité (PHCN). Le gouvernement nigérian est déjà en négociation avec des hommes d’affaires indiens dans ce sens. Une décision à laquelle s’opposent les travailleurs de la PHCN qui menacent d’observer une grève illimitée qui plongera le Nigeria dans le noir en juin, si le président Goodluck Jonathan ne revient pas sur sa décision de privatiser la compagnie nationale d’électricité qui, selon eux, constitue un patrimoine national à préserver jalousement.

Thursday, September 1, 2011

Attentat contre l'ONU: Comprendre les violences au Nigeria

La violence au Nigeria a pris une toute nouvelle dimension avec l'attentat suicide contre le siège de l'ONU à Abuja, soulevant des questions sur une secte islamiste qui a revendiqué l'acte et sur la capacité des autorités nigérianes à faire face à une escalade continue.

Plusieurs analystes jugent possible que le groupe islamiste Boko Haram soit derrière l'attaque du kamikaze qui a éventré le bâtiment en se faisant sauter dans sa voiture, tuant au moins 23 personnes, vendredi dernier.
Mais tous font preuve de prudence, n'excluant pas d'autres pistes, étant donné la complexité du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et premier producteur du brut du continent. La corruption et la violence y sont endémiques depuis des décennies.
L'attentat marque «une escalade importante de plusieurs points de vue», selon Chidi Odinkalu, de l'ONG Open Society Justice Initiative. «Il s'agit d'une escalade du point de vue du risque et de la menace».
Pete Sharwood-Smith, responsable au Nigeria de la société Drum Cussac (conseil et évaluation de risques), estime que l'attaque «a clairement été menée sous les auspices de Boko Haram, par une faction de Boko Haram».
«Mais il est difficile de savoir pourquoi. Veulent-ils une attention internationale à leur cause? Il est possible qu'ils aient opéré sous l'influence, ou d'après les conseils, d'Al-Qaïda au Maghreb islamique», poursuit-il.
Soupçons sur Al-Quaïda
Une multiplication d'indices a fait craindre ces derniers mois des liens entre Boko Haram et la branche maghrébine d'Al-Qaïda (AQMI), active au Niger voisin.
Ses attaques sont devenues plus sophistiquées mais le groupe n'a jusqu'à présent jamais pris pour cible une organisation internationale. Boko Haram, qui a sa base dans le nord-est du Nigeria, veut instaurer un Etat islamique. Son dirigeant Mohammed Yusuf a été tué par les forces de l'ordre lors d'une violente insurrection en 2009. Depuis 2010, le groupe a multiplié ses attaques, souvent des assassinats par des hommes à moto.
Pour Abubakar Tsav, ex-responsable de la police dans la capitale économique Lagos, l'attaque de vendredi «dépasse» Boko Haram et si le groupe est effectivement impliqué «il y a un lien étranger». «Quoi qu'il en soit, les menaces sécuritaires auxquelles est confronté le Nigeria ont pris une nouvelle dimension effrayante», souligne-t-il.
«Il est possible que des personnes influentes ayant des intérêts particuliers au Nigeria aient joué un rôle dans l'attentat suicide», estime encore M.Tsav.
Violences à cause de tensions politiques et économiques
La victoire à la présidentielle d'avril de Goodluck Jonathan, un chrétien du sud qui a battu aisément son principal adversaire Muhammadu Buhari, un musulman du nord, a provoqué la colère dans le nord où beaucoup estimaient que la présidence devait leur revenir, en vertu d'un principe de rotation.
Des violences post-électorales ont fait plus de 800 morts. Les 150 millions de Nigérians sont à peu près aussi nombreux dans le nord majoritairement musulman que dans le sud à dominante chrétienne.
Pete Sharwood-Smith n'exclut pas non plus que l'attentat de vendredi dernier soit le résultat de tensions politiques. «Des factions politiques dans le nord ont assurément assisté Boko Haram ces derniers six mois», note-t-il. Face à une longue tradition de politique mêlée de violence et de corruption, certains analystes doutent que les autorités nigérianes soient en mesure d'inverser la tendance et de faire face aux nouvelles menaces.
«Personne ne résout rien, l'argent est simplement empoché (...) l'idée qu'un gouvernement est synonyme de profits personnels (...) explique aussi, en tout cas partiellement, où nous nous trouvons maintenant», estime M. Odinkalu. Alex Vines, de l'institut de recherche sur les relations internationales Chatham House, juge que les «stratégies du gouvernement fédéral pour contrer le terrorisme dans le nord ont été contreproductives».
Le nord du pays est «marginalisé», moins développé que le sud. L'attentat devrait «mettre en garde» le président Jonathan sur l'importance d'un développement «équitable» du pays, souligne-t-il.

Monday, August 15, 2011

Le Bénin et le Nigeria en guerre contre la piraterie

A partir de ce lundi 15 août , des forces mixtes bénino-nigerianes lanceront des patrouilles aux larges des côtes béninoises. C’est l’une des principales décisions issues du tête-à-tête des présidents Yayi Boni et Jonathan Goodluck tenu jeudi 11 août 2011à Abuja au Nigeria.

Face aux actes de piraterie recensés de plus en plus dans le Golfe de Guinée et précisément dans les eaux béninoises, le président béninois a décidé d’appeler à une mobilisation musclée et efficace des pays de la sous-région. En rendant visite jeudi 11 août dernier à son homologue nigérian, Yayi Boni avait dans son agenda, cette question préoccupante qui inquiète désormais des spécialistes de sécurité basés dans la région ouest-africaine. Les deux chefs d’Etat ont convenu à Abuja, d’organiser des patrouilles mixtes (forces navales bénino-nigerianes) aux larges des côtes du Bénin. Plusieurs attaques avaient en effet été déjouées par les forces navales béninoises depuis juillet dernier. La veille sécuritaire renforcée de la Marine nationale avait permis de mettre en déroute la stratégie des bandits de Haute mer. C’est donc attaché à la sécurité nationale, que le président Yayi Boni s’est montré très tôt très entreprenant. Les résultats encourageants de l’opération « Fire for fire » initiée, il y a de cela quelques années par les deux Etats pour endiguer le banditisme transfrontalier, étant encore présents dans les esprits, personne ne peut douter de l’efficacité de cette nouvelle action conjointe. Et à terme, en plus du calme sécuritaire qu’elle devrait favoriser dans la région, c’est l’économie nationale qui s’en portera mieux. En réalité, les eaux béninoises seront plus sûres ; ce qui impliquera l’augmentation du trafic maritime vers le Port autonome de Cotonou. Mieux, Yayi Boni et Jonathan Goodluck ont prévu de renforcer cette initiative, en convoquant un sommet des présidents des Etats du Golfe de Guinée sur la menace. Cette rencontre internationale qui se tiendra très prochainement devra décider de la mise en place des structures et moyens régionaux dans le cadre de cette mesure militaire qui se révèle désormais incontournable pour l’Afrique de l’Ouest. Jeudi dernier, au palais Aso Rock, le président béninois a également élevé son homologue et son épouse au grade de Docteur Honoris Causa de l’Université du Bénin. Une distinction qui démontre en elle-même, le niveau des liens de coopération qu’entretiennent le Bénin et son grand voisin de l’ouest.

Tuesday, July 19, 2011

Understanding Nigeria's Boko Haram radicals

A spate of bomb attacks by radical Islamist group Bokom Haram in Maiduguri, capital of Borno State in northeastern Nigeria, and a heavy-handed crackdown by the military, have prompted thousands of people to flee their homes, but why is this violence happening and how can tensions be eased?

Boko Haram was formed by Muslim cleric Mohammed Yusuf in 2002, in Maiduguri. Initially peaceful, in June 2009 the radical sect waged a short-lived armed uprising in a bid to establish an Islamic state in the north. This was brutally crushed by the military in July 2009, leaving over 800 dead, mostly sect members.

During the crackdown, leader Mohammed Yusuf and several other members including Yusuf's father-in-law, Alhaji Baba Fugu, were killed in police custody.

Since January 2010, surviving sect members have reportedly been behind bomb and shoot-and-run attacks which have killed dozens of people not just in Maiduguri: An Abuja police HQ was bombed on 16 June.

The group is not easy to monitor, according to Human Rights Watch researcher Eric Guttschuss. "Since 2009 the leadership has gone underground. It's now unclear what the exact command structure is."

A spokesperson for Boko Haram told reporters in June that members had received training in Somalia. Okechukwu Nwanguma, programme coordinator with non-profit Network on Police Reform in Nigeria (NOPRIN), said this could indicate Boko Haram has "a link with the global terror movement".

Other reports have suggested the same thing, saying Boko Haram already has links to international terrorist organizations such as Al-Qaeda, and has the potential to link with Al-Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM) which operates in nearby regions.

While a Western security official in Nigeria told the Wall Street Journal these links were unconfirmed, he noted concern that they could develop if the situation is left unchecked and the group is able to grow.

Root causes of violence

Political solutions will only be delivered if some of the root causes driving Boko Haram membership are addressed, said Human Rights Watch researcher Eric Guttschuss. These include "poverty and unemployment, driven by poor governance and corruption," he said.

Guttschuss said former leader Yousef gained support "by speaking out against police and political corruption" on behalf of the country's "vast numbers of unemployed youth [who] he was able to tap into for recruits".

Violent uprisings in Nigeria, whether Boko Haram or other groups, are invariably the result of "social injustice" and "bad governance" said Abdulkarim Mohammed, a researcher on Boko Haram.
"Boko Haram is essentially the fallout of frustration with corruption and the attendant social malaise of poverty and unemployment. The young generation see how [the nation's resources] are squandered by a small bunch of self-serving elite which breeds animosity and frustration, and such anger is ultimately translated into violent outbursts," he said.

NOPRIN's Nwanguma said there is speculation politicians from northern Nigeria are surreptitiously funding Boko Haram to force the current government to relinquish power. This follows recent controversial elections.

Michael Utasha of think-tank Open Society Initiative for West Africa (OSIWA) said he had heard similar accusations: "Unconfirmed reports have it that there are disgruntled members of the political class in Nigeria who are bent on destabilizing the government of President Goodluck and giving the impression that he is a weak and indecisive leader."

But Tanko Yakasai, a member of the Northern Leaders Political Forum [NLPF], a political group that has pushed for the retention of power in the north for another four years, vehemently denied these claims, saying Boko Haram aims to destroy any system of secular government in Nigeria "irrespective of whether a Muslim or a Christian is in power". Viewing Boko Haram "as a political gimmick to retain power in the north is trivializing the whole problem," Yakasai added.

Heavy-handed

OSIWA's Utasha accused the authorities of exacerbating tensions with the sect and thus enflaming violence. The 16 June Abuja attack, he said, "was a direct response to some irresponsible and inflammatory comments by the inspector-general of police, Hafiz Ringim, who only a few days before the attack had boasted that the days of the group were numbered."

The governor of Borno State has reportedly admitted the army reacted too strongly to the recent Maiduguri violence, and said measures are being taken to check their behaviour.

Boko Haram militants attacked an army patrol in Maiduguri with explosives and gunfire on 9 July. In the ensuing shootout soldiers claimed they killed 11 sect members; while two soldiers were injured. Following this, civilians said their houses were burned and people shot by the army. Thousands of civilians have now fled the city in fear of further violence.
Murja Muhammad, a resident of the Kalari neighbourhood who fled her home on 10 July said, "Soldiers began repeatedly shooting in the air after the bomb attack and the shootout that followed. They then.started breaking into homes, singling out male occupants and shooting them and driving women out of the houses which they set ablaze."

A group of 18 local members of the respected Borno Elders Forum on 12 July called for the withdrawal of troops from the city, saying the soldiers have worsened the security situation.

The police have taken some positive action to combat impunity in the past, said Guttschuss, pointing to five police officers recently charged with the extra-judicial killing of Mohammed Yusuf, as an "important step". While this occurred some two years after events, it sent a message that "regardless of who commits crime they will be held accountable," he said. "But whether this will diffuse the attacks is yet to be seen," he said.

However, dealing with the perpetrators of attacks, and army/police reprisals, requires more fundamental criminal justice sector reform, said Amnesty International in a 27 June statement.

"We initially thought the military would employ logical strategies to put an end to this cycle of violence... [but] the soldiers went from door to door killing innocent people, they broke into homes stealing property and raping young women," said Bulama Mali Gubio, a member of the Borno Elders forum.

Military spokespeople are still defensive, blaming the burning of houses in the Kalari neighbourhood of Maiduguri on explosives used by Boko Haram."My men are not responsible for the exodus [of people] because even before the deployment of soldiers people were leaving the city," military commander Brig-Gen Jack Okechukwu Nwaogbo, said.

Negotiation

When attacks by Boko Haram increased this year, President Goodluck Jonathan initially assured people the situation was under control, comparing it to violence in the Niger Delta that was partially improved through eventual negotiation and an amnesty programme.

Analysts from the Economist Intelligence Unit have suggested that the religious fanaticism of Boko Haram means this approach is less likely to be effective.

Others insist engagement is necessary. "It is only when the government understands their [Boko Haram's] mindset that it can effectively tackle the problem," said researcher Abdukarim Mohammed.

Borno State governor Kashim Shettima has reportedly invited Boko Haram to engage in a dialogue, stressing the government was ready to address their demands.

But negotiation will only work if the government is genuinely willing to engage and consider creative options, such as a "more genuine" amnesty, said the chairman of the Adamawa State chapter of the All Nigeria People's Party (ANPP), Alhaji Umar Duhu. He said members were currently still afraid of being arrested or killed by security forces if they surrendered.

Negotiation or not, more targeted intelligence-gathering is needed to curb future violence, according to NOPRIN's Nwanguma. "What we are witnessing in Nigeria are the consequences of a national intelligence and security system that fails to recognize that contemporary crimes demand more reliable and timely intelligence than guns and armoured personnel carriers."

In the meantime, the current situation remains out of control, Nwanguma argues: "Clearly, Boko Haram has virtually overrun northern Nigeria, despite deployment of soldiers," he said. "They have continued to operate beyond the control of the Nigerian government and security forces."

Friday, July 8, 2011

Samedi 9 juillet 2011: Sud-Soudan : Indépendance oyéééé !

Le Sud-Soudan accède, au terme d’un référendum d’autodétermination, à l’indépendance dont la proclamation officielle aura lieu demain samedi 9 juillet 2011 à Djouba, capitale du nouvel Etat. Passée l’euphorie de la souveraineté politique acquise, place aux énormes défis de développement qui attendent la cinquante-quatrième nation africaine meurtrie par deux décennies de guerre civile contre l’ancienne puissance tutélaire de Khartoum.

Vingt-deux ans de conflit. Deux millions de morts. Quatre millions de déplacés. Lourd bilan humain auquel s’ajoutent d’innombrables dommages économiques. A l’évidence, le prix payé par le Sud-Soudan pour son indépendance est l’un des plus élevés dans l’histoire des luttes d’émancipation. Pouvait-il en être autrement, au regard de la nature, par scissiparité, de l’avènement du cinquante-quatrième Etat du continent noir ?

Pour mieux comprendre cette longue et sanglante conquête de la liberté, il faut replonger dans l’histoire du Soudan, dont les péripéties politiques s’enracinent sous le terreau identitaire.

Le Soudan tire son nom de l’expression arabe « Bilad al-Sudan », en d’autres termes, l’ensemble des pays des Noirs. Sa partie Nord appartient, par la langue et la religion, au monde arabo-musulman ; sa partie Sud, animiste et chrétienne, est ancrée dans le domaine sub-saharien. Ce clivage, à la fois géographique, linguistique et religieux, associé à une domination politique s’exerçant au détriment des populations du Sud, a largement contribué au déclenchement de la guerre civile qui déchire le Soudan de manière quasi ininterrompue depuis l’indépendance acquise en 1956.

Le 19 janvier 1899 est instauré un condominium anglo-égyptien sur le Soudan. En réalité, le Royaume-Uni apparaît comme le véritable maître du pays, établissant dans le Nord une organisation administrative efficace, et favorisant le développement économique de la colonie, notamment par l’irrigation de la Gézireh (région agricole située entre le Nil Blanc et le Nil Bleu). La mainmise britannique est bien plus souple dans le Sud, placé sous l’autorité d’une poignée de fonctionnaires coloniaux, les « barons du marais » et sous l’influence des missionnaires chrétiens, autorisés par le gouvernement britannique à évangéliser les populations nilotiques.

Les Français tentent également de s’établir dans cette région : l’expédition menée par Marchand à Fachoda manque de provoquer un affrontement direct entre les deux puissances coloniales occidentales. Kitchener contraint les Français à se retirer en échange de l’abandon de leurs prétentions sur le Sahara. La pacification du Soudan a été difficile et n’est réellement achevée qu’en 1916, après l’assassinat du sultan du Darfour par des agents anglais.

Indirect rule au Nord, southern policy au Sud

A la suite de l’indépendance de l’Egypte, en 1922, le nationalisme soudanais redouble de vigueur. Il est cependant divisé entre partisans de l’intégration à l’Egypte et indépendantistes, représentés par le parti Oumma (dont le nom signifie littéralement la communauté musulmane) allié à la secte des Ansars (disciples du Mahdi).

En 1924 a lieu un premier soulèvement dans le Sud. Les Anglais choisissent alors de mener une double politique, l’« indirect rule » au Nord, les cheikhs servant d’intermédiaire entre les autorités anglo-égyptiennes et la population, et le « southern policy » au Sud. En pratique, Nord et Sud cessent toutes communications, les Anglais empêchant tout contact entre les deux parties du Soudan. Cette politique est source de frustration et de ressentiments.

Au Nord, les populations estiment que les sudistes, accusés de ne pas être de véritables nationalistes, font figure de traîtres, alors qu’au Sud les populations ont le sentiment d’être des oubliés, des laissés-pour-compte. En 1936, un traité signé par l’Egypte et le Royaume-Uni confirme la convention de 1899. Toutefois, après la Seconde Guerre mondiale, les deux pays entament des négociations afin de réviser ce traité. Le gouvernement égyptien exige le départ des Britanniques du Soudan, lesquels s’y refusent ; ils ne consentent qu’à de légères modifications institutionnelles.

En 1948 est élue une assemblée législative, dominée par les partis représentant le Nord du pays. Les députés exigent des deux puissances coloniales la création d’un gouvernement soudanais et dénoncent le condominium. En octobre 1951, Farouk d’Egypte se proclame unilatéralement roi du Soudan. Après que le souverain eut été contraint d’abdiquer par le général Néguib, le Soudan se voit reconnaître, en 1952, le droit à l’autodétermination.

La « soudanisation » du pays

De nouvelles élections législatives ont lieu à la fin de l’année 1953. Le parti démocratique unioniste, pro-égyptien, et le parti Oumma remportent la majorité des sièges, ce qui entérine la marginalisation des partis politiques du Sud. La formation d’un gouvernement « entièrement » soudanais, composé pour l’essentiel de représentants du Nord, en janvier 1954, marque le début de la « soudanisation » du pays, qui crée un contexte favorable à un affrontement civil entre les populations du Nord, musulmanes, et celles du Sud, chrétiennes et animistes. Celui-ci éclate dès août 1955. Conduits par le mouvement Anya-Nya, les Sudistes revendiquent la création d’un Etat distinct. Ils reçoivent le soutien des Etats-Unis, d’Israël, de l’Ouganda et de l’Ethiopie.

La République (unitaire) du Soudan, reconnue immédiatement par l’Égypte et le Royaume-Uni, appuyée par l’Union soviétique dans sa lutte contre le Sud sécessionniste, est officiellement instaurée le 1er janvier 1956. Le Soudan devient membre de la Ligue arabe le 19 janvier et des Nations unies le 12 novembre de la même année.

Les élections législatives de 1958 donnent la majorité au parti Oumma. Toutefois, l’armée se révolte et porte au pouvoir le général Ibrahim Abboud, favorable à une intensification des relations avec l’Egypte. Sa démission, intervenue en 1964 après une violente révolte estudiantine, permet le rétablissement provisoire de la démocratie, mais ne modifie en rien la politique menée à l’égard du Sud.

Après la guerre israélo-arabe de 1967, la diplomatie du pays s’affirme résolument pro-arabe. En 1969, un groupe d’officiers, avec à sa tête le général Djafar al-Nemeiri, prend le pouvoir et installe un gouvernement placé sous l’autorité d’un conseil révolutionnaire. Le nouveau régime réprime le mouvement fondamentaliste des Frères musulmans et le parti Oumma, se rapproche des Etats-Unis et de l’Egypte (il est le seul pays de la région arabo-musulmane à soutenir l’accord de paix avec Israël) et négocie un cessez-le-feu avec les sécessionnistes du Sud, auxquels l’autonomie est accordée.

En juillet 1971, une tentative de coup d’Etat imputable à des officiers communistes échoue. Le général Nemeiri en profite pour décapiter le Parti communiste soudanais (le plus puissant d’Afrique), opère des milliers d’arrestations et fait exécuter des opposants, parmi lesquels Joseph Garang, l’ancien ministre des Affaires du Sud et le secrétaire général du parti, Abd al-Khaliq Mahjoud.

Confirmé à la tête de l’Etat en 1972, réélu pour un troisième mandat en avril 1983, Nemeiri, confronté à la faillite de l’économie soudanaise, renoue avec les Frères musulmans, qui entrent au gouvernement, et fait appliquer la loi islamique (la charia). Le Sud, où, depuis le cessez-le-feu de 1972, les investissements étrangers affluent, est divisé en trois provinces.

Les Sudistes se rebellent de nouveau, refusant ce découpage géographique et l’entrée en vigueur de la charia. Ils sont désormais rassemblés au sein d’une seule armée, l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), dirigée par le colonel John Garang et soutenue par les Etats-Unis d’Amérique. Ce sera le début de la seconde guerre civile qui embrasera le pays pendant 22 ans.

Instauration de la charia

Malgré la scission de son mouvement en 1991, John Garang maintient la lutte contre le pouvoir de Khartoum qui, après le coup d’Etat du général Omar el-Béchir en 1989, s’orienta de plus en plus vers l’idéologie islamiste insufflée par le cheikh Hassan al-Tourabi.

Après un conflit sanglant (deux millions de victimes) un cessez-le-feu est signé entre les protagonistes en 2002, consolidé en janvier 2005 par l’accord de paix de Naivasha, au Kenya.

Tandis que la guerre se poursuit dans le Darfour, les négociations entre le gouvernement et la rébellion sudiste de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), aboutissent le 9 janvier 2005 à la signature d’un accord de paix global et final à Nairobi (Kenya).

Cet accord, qui met fin à un conflit ayant fait deux millions de morts et quatre millions de déplacés, prévoit une période d’autonomie de six ans, suivie d’un référendum d’autodétermination pour la population du Sud. Il définit un partage du pouvoir et des richesses : John Garang devient le premier vice-président du Soudan le 9 juillet 2005, tandis que le SPLA se voit attribuer la moitié des ressources, essentiellement pétrolières.

Mais le décès de John Garang, seulement quelques semaines plus tard, dans un accident d’hélicoptère, provoque des émeutes violentes. Salva Kiir lui succède à la tête du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), la branche politique du SPLA. Toutefois, la normalisation politique se poursuit, et au mois de septembre suivant, un gouvernement d’union nationale est formé, pour la première fois dans l’histoire du Soudan.

Le référendum d’autodétermination organisé du 9 au 15 janvier 2011 consacre l’indépendance du Sud-Soudan avec environ 99% de OUI.

Demain samedi 9 juillet 2011, à Djouba, la proclamation officielle de cette accession à la souveraineté nationale, en présence de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement, marquera la fin d’une longue et sanglante évolution vers l’émancipation. Elle marquera aussi l’entame d’une autre bataille : celle de la construction de l’avenir d’un nouvel Etat.

Le jeune Etat face à son destin

L’indépendance du Sud-Soudan intervient au moment où les Etats subsahariens viennent de commémorer, sur fond de désenchantement, le cinquantenaire de leur accession à la souveraineté politique.

Les nouvelles autorités sud-soudanaises parviendront-ils, quant à elles, à transformer l’essai. C’est-à-dire à faire de cette indépendance politique un tremplin à la lutte pour le développement socio-économique ? A priori, tout force à l’optimisme, au regard des potentialités du pays.

Situé dans l’une des régions les plus pauvres de la planète selon les indicateurs du PNUD, le Sud-Soudan dispose d’importants atouts pour réussir le pari du développement.

Son climat, tropical, et la présence du Nil blanc sont favorables à la culture de plusieurs produits vivriers et commerciaux comme le sorgho, le mil, le manioc, les patates douces, le coton, le blé, la gomme arabique, l’arachide, le sésame et les bananes.

Son sous-sol, riche en pétrole (85% de la production soudanaise actuellement) regorge de minerais de fer, de cuivre, de chrome, de zinc, de tungstène, de l’argent et de l’or.

Autant de richesses naturelles à même de permettre aux nouvelles autorités de faire face aux nombreuses tâches qui les attendent. Notamment les problèmes humanitaires et de développement telle la construction d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures socio-économiques.

Encore faut-il que le pouvoir de Khartoum, désormais privé de ce qui fut naguère sa vache laitière taillable et corvéable à souhait, ne joue au trublion.

Mais au jeune Etat de ne pas prêter le flanc, faute de savoir dominer les contradictions de tous ordres qui ne manqueront pas de surgir.