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Wednesday, September 19, 2012

BOKO HARAM DU NIGERIA : Touchée mais pas coulée

L’armée nigériane vient de marquer un point dans la lutte contre la secte islamique Boko Haram. Le 17 septembre dernier, elle a réduit au silence le porte-parole des fous d’Allah nigérians qui revendiquaient les attentats et parlaient à la presse sous le nom de Abul Qaqa.

Selon l’armée nigériane, il a été tué à Kano, dans le Nord du pays, au cours d’un échange de tirs lors d’un contrôle dont il a voulu se soustraire. En attendant de désigner un autre porte-parole, Boko Haram est aphone depuis le début de la semaine. La secte n’a ni confirmé ni infirmé la mort de celui qui parle à son nom. Un silence lourd de sens qui en dit long sans doute sur la véracité de la mort du spokesman de la secte.

La méthode utilisée ici par l’armée pour éliminer Abul Qaqa ressemble à celle des assassinats ciblés employée par les Américains en Afghanistan contre les Talibans, les leaders d’Al Qaida. La secte nigériane s’étant « talibanisée » en ayant, par exemple, recours aux attentats kamikazes, la grande muette du pays a vraisemblablement aussi revu ses méthodes de lutte. « Aux grands maux, les grands remèdes », dit-on.

Avec cet assassinat ciblé, il n’est pas exagéré de dire que, comme un navire frappé par une torpille, Boko Haram a été touchée. Il reste maintenant à savoir si les « dégâts » causés vont la faire couler. A ce niveau, il est permis d’en douter. Beaucoup ne vendaient pas cher la peau de Boko Haram après l’assassinat, en 2009, de son fondateur Muhammad Yusuf. Mais contre toute attente, elle n’a pas sombré, elle ne s’est pas affaiblie. Une autre tête a vite repoussé en lieu et place de celle coupée à l’image, d’une hydre.

La secte a continué de plus belle ses attentats terroristes, ses attaques contre les églises les dimanches. Elle a même ajouté d’autres cibles à savoir les installations téléphoniques pour éviter que l’armée ne puisse bien communiquer. L’assassinat du porte-parole est malheureusement loin d’être une victoire de l’armée sur la secte. Elle sera peut-être momentanément ébranlée. Passée cette épreuve, il y a beaucoup de chances que Boko Haram fasse parler d’elle dans les prochains jours. En d’autres termes, qu’elle venge la mort de son porte-parole. C’est dire qu’il faut donc s’attendre à des actes terroristes. Une sombre perspective qui ne fait que renforcer la quadrature du cercle qui caractérise le Nigeria depuis que la secte a décidé d’user de la violence pour exprimer son rejet de la civilisation occidentale, imposer et étendre la charia dans tout le pays. Les autorités sont elles-mêmes désemparées par la situation en ne sachant pas par quel bout appréhender le problème. Le régime de Goodluck Jonathan manie à la fois le bâton et la carotte face à la secte, sans parvenir, jusque-là, à lui faire entendre raison.
Source : Le Pays 19/09/2012