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Wednesday, September 19, 2012

BOKO HARAM DU NIGERIA : Touchée mais pas coulée

L’armée nigériane vient de marquer un point dans la lutte contre la secte islamique Boko Haram. Le 17 septembre dernier, elle a réduit au silence le porte-parole des fous d’Allah nigérians qui revendiquaient les attentats et parlaient à la presse sous le nom de Abul Qaqa.

Selon l’armée nigériane, il a été tué à Kano, dans le Nord du pays, au cours d’un échange de tirs lors d’un contrôle dont il a voulu se soustraire. En attendant de désigner un autre porte-parole, Boko Haram est aphone depuis le début de la semaine. La secte n’a ni confirmé ni infirmé la mort de celui qui parle à son nom. Un silence lourd de sens qui en dit long sans doute sur la véracité de la mort du spokesman de la secte.

La méthode utilisée ici par l’armée pour éliminer Abul Qaqa ressemble à celle des assassinats ciblés employée par les Américains en Afghanistan contre les Talibans, les leaders d’Al Qaida. La secte nigériane s’étant « talibanisée » en ayant, par exemple, recours aux attentats kamikazes, la grande muette du pays a vraisemblablement aussi revu ses méthodes de lutte. « Aux grands maux, les grands remèdes », dit-on.

Avec cet assassinat ciblé, il n’est pas exagéré de dire que, comme un navire frappé par une torpille, Boko Haram a été touchée. Il reste maintenant à savoir si les « dégâts » causés vont la faire couler. A ce niveau, il est permis d’en douter. Beaucoup ne vendaient pas cher la peau de Boko Haram après l’assassinat, en 2009, de son fondateur Muhammad Yusuf. Mais contre toute attente, elle n’a pas sombré, elle ne s’est pas affaiblie. Une autre tête a vite repoussé en lieu et place de celle coupée à l’image, d’une hydre.

La secte a continué de plus belle ses attentats terroristes, ses attaques contre les églises les dimanches. Elle a même ajouté d’autres cibles à savoir les installations téléphoniques pour éviter que l’armée ne puisse bien communiquer. L’assassinat du porte-parole est malheureusement loin d’être une victoire de l’armée sur la secte. Elle sera peut-être momentanément ébranlée. Passée cette épreuve, il y a beaucoup de chances que Boko Haram fasse parler d’elle dans les prochains jours. En d’autres termes, qu’elle venge la mort de son porte-parole. C’est dire qu’il faut donc s’attendre à des actes terroristes. Une sombre perspective qui ne fait que renforcer la quadrature du cercle qui caractérise le Nigeria depuis que la secte a décidé d’user de la violence pour exprimer son rejet de la civilisation occidentale, imposer et étendre la charia dans tout le pays. Les autorités sont elles-mêmes désemparées par la situation en ne sachant pas par quel bout appréhender le problème. Le régime de Goodluck Jonathan manie à la fois le bâton et la carotte face à la secte, sans parvenir, jusque-là, à lui faire entendre raison.
Source : Le Pays 19/09/2012

Monday, September 17, 2012

Nigeria: Quelle sera la prochaine cible de Boko Haram ?

Les installations de télécommunication du Nigéria sont la nouvelle cible de Boko Haram. La semaine dernière, la secte militante islamiste du Nigéria a détruit 24 antenne-relais de téléphonie mobile dans le nord-est du pays. En plus de la crainte de nouveaux attentats, les habitants des régions affectées doivent maintenant faire face à un service téléphonique interrompu. Et ils se demandent quelle sera la prochaine cible du groupe islamiste radical.

"Je ne peux même pas appeler"

Depuis les attaques des antennes-relais par Boko Haram dans le nord-est du pays - qui ont fait 16 victimes selon les estimations du commissaire de police Patrick Egbuniwe - une grande partie de la population est dans l'impossibilité d'appeler. "Est-ce que vous avez un idée de la gravité de la situation ?, demande un fonctionnaire de Maiduguri qui préfère rester anonyme. Je ne peux même pas appeler avec mon téléphone. La plupart des habitants de la région de Maiduguri ne peuvent pas utiliser leur téléphone".
Il n'a donc échappé à personne dans le nord-est du Nigeria que Boko Haram a décidé de s'en prendre aux antennes-relais de téléphonie mobile. Une source d'information cite un email du porte-parole de Boko Haram, Abdul Qaka, dans lequel il déclare : "Nous avons décidé d'attaquer les antennes-relais d'opérateurs télécom pour l'assistance qu'ils fournissent aux agents de sécurité". En février, le groupe a accusé les opérateurs d'avoir fournit des informations sur des membres du groupe à des agents de sécurité.

Choix des cibles

Le groupe fondamentaliste, dont la base se trouve à Maiduguri, a montré qu'il faisait preuve de dynamisme dans le choix de ses cibles. Depuis que Boko Haram a refait surface en 2010, l'année lors de laquelle leur leader Mohammed Yusuf a été tué pendant sa garde à vue, la secte a lancé des attaques ciblant des bâtiments gouvernementaux, des centres religieux, des postes de police, des aires de loisir et d'autres places publiques.
Sunday Cyril a échappé à un attentat-suicide à Jos
Pour l'ancien résident de Jos Sunday Cyril, qui avait échappé de peu à un attentat-suicide sur son église locale au début de cette année, il est clair que les cibles des attaques ont peu à peu changé. "Quand Boko Haram a commencé, ses cibles principales étaient les propriétés du gouvernement, dit-il. Mais depuis l'année dernière, le groupe a commencé à attaquer des églises et à tuer des chrétiens innocents. Maintenant il s'en prennent aux bureaux et aux installations des opérateurs télécom. Personne ne sait quelle sera la prochaine cible".

L'impatience croissante de la population

Les Nigérians commencent à perdre leur patience face à un gouvernement qui semble ne pas être en mesure de prendre sa responsabilité constitutionnelle d'assurer la sécurité des personnes et des propriétés contre des attaques d'hommes armés. "Je pense que le président Goodluck Jonathan doit se résigner à démissionner s'il n'est pas apte à protéger nos vies et nos propriétés, dit le fonctionnaire de Maiduguri. Pendant combien de temps d'innocents Nigérians vont-ils continuer à mourir ? Cette destruction a duré trop longtemps et le gouvernement n'a montré aucune volonté de résoudre le problème".
Malgré les tentatives des autorités nigérianes de stopper les activités de Boko Haram, ils n'ont pas pu empêcher des attentats-suicide et autres formes d'attaques, notamment dans le nord et le centre du pays. Le gouvernement de Goodluck Jonathan a mis en place des mesures autant militaires que diplomatiques pour résoudre le problème de sécurité du pays, mais ces efforts n'ont pas eu les effets désirés. "Le gouvernement ne s'attaque pas aux vrais problèmes, dit Audu Sambo, un habitant de Jos. Beaucoup de gens sont pauvres, affamés et sans-emploi, c'est pour ça que nous avons ces problèmes. Le gouvernement doit créer des emplois et réduire le niveau de pauvreté dans le pays, s'il veut que la sécurité s'améliore".
Mais pour Sunday Cyril, la résolution de l'insurrection de Boko Haram n'est pas l'unique responsabilité du gouvernement. "Je pense que la communauté musulmane a un rôle primordial à jouer pour résoudre le mystère de Boko Haram, parce que les membres du groupe vivent eux-mêmes dans des communautés musulmanes. Tout ce que nous demandons aux bons musulmans, c'est de les signaler aux agents de sécurités", dit-il.

Monday, August 27, 2012

Le Nigeria choisit la voie des négociations avec Boko Haram

Au Nigeria, le gouvernement a entamé des pourparlers indirects avec la secte Boko Haram, afin d'endiguer les vagues meurtrières qui ont coûté la vie à 1400 personnes dans le nord du pays depuis 2010.
Le gouvernement nigérian a annoncé dimanche avoir ouvert des pourparlers indirects avec des membres de la secte islamiste Boko Haram dans le but de mettre fin aux violences meurtrières qui ont fait plus de 1400 morts dans le nord et le centre du Nigeria depuis 2010.
Des canaux indirects "sont utilisés pour communiquer avec le seul objectif de comprendre quelles sont exactement les revendications de ces personnes et ce qui peut être fait pour résoudre les crises", a déclaré à des journalistes le porte-parole de la présidence nigériane, Reuben Abati.
Ces efforts s'inscrivent dans le cadre de la volonté d'"assurer la paix et la stabilité au Nigeria", a-t-il ajouté. En mars, une source sécuritaire nigériane et une source diplomatique avaient déjà fait état de pourparlers indirects entre le gouvernement et Boko Haram, dans le but d'obtenir un cessez-le-feu de la part du groupe islamiste.
Des appels ont été lancés au Nigeria pour la tenue de pourparlers entre le gouvernement et Boko Haram alors que les autorités nigérianes semblent incapables d'enrayer la spirale des attaques imputées au groupe qui ont secoué le pays le plus peuplé d'Afrique, premier producteur de pétrole sur le continent.
Instaurer le califat, imposer la charia
Le groupe Boko Haram est accusé de nombreux assassinats et attentats, principalement dans le nord du pays qui ont coûté la vie à plus de 1400 personnes depuis 2010. Il a notamment revendiqué l'attentat à la bombe perpétré le 26 août 2011 contre le siège des Nations unies dans la capitale fédérale Abuja, qui a tué 25 personnes, ainsi que les attaques coordonnées qui ont fait 185 victimes à Kano (nord) en janvier.
Les islamistes radicaux de Boko Haram veulent instaurer le califat islamique et imposer la charia dans l'ensemble du Nigeria, pays dont le nord est majoritairement musulman et le sud à dominante chrétienne.

Thursday, July 19, 2012

NIGERIA: La carotte ou le bâton ? - Boko Haram divise les Nigérians

La méthode à adopter face aux violences perpétrées par Boko Haram divise les Nigérians : dans le Nord, où les extrémistes islamistes ont concentré leurs bombardements et fusillades, il y a une forte demande de dialogue ; dans le Sud, l’opinion soutient que tant que les « terroristes » n’auront pas mis fin à l’insurrection, qui a fait plus de 1 000 victimes depuis 2010, il ne pourra pas y avoir de négociations.

Le président Goodluck Jonathan a dit à maintes reprises être disposé à négocier, mais pas avec un Boko Haram « sans visage ». « Vous devez vous identifier clairement. Vous devez nous dire pourquoi vous agissez ainsi », a-t-il dit dans une interview accordée au mois de juin.

Le gouvernement manie également le bâton. Cependant, le vote sans précédent d’un budget de 6 milliards de dollars pour la défense et la sécurité pour l’année 2012, la collaboration avec les forces de sécurité occidentales et la fermeture des frontières du Nigéria avec ses voisins du Nord n’ont pour l’instant pas affecté les salafistes.

Les services de sécurité des Forces opérationnelles interarmées (FOI) n’ont pas non plus reçu le soutien total des personnes qu’ils sont censés protéger. « C’est tout simplement une punition collective », a dit un médecin de Maiduguri, ville du nord-ouest du pays où le groupe Boko Haram a été fondé en 2002. « Dès qu’un incident se produit, les soldats bouclent la zone et commencent à frapper les gens … à la fin, c’est toute la population qui se retournera contre l’armée ».

Exprimant sa frustration, un procureur a ajouté : « Lorsque vous montrez votre carte d’identité aux FOI, on vous dit, “Vous les avocats, vous êtes les cerveaux derrière nos problèmes”. On a fait sauter nos collègues comme des grenouilles ; il y a tellement d’intimidation et un manque de respect ».

Les FOI apportent un peu de réconfort à la communauté chrétienne. Mais les musulmans, qui représentent la majorité de la population, évoquent fréquemment des théories conspirationnistes selon lesquelles les services de sécurité profiteraient de la situation pour s’enrichir, ne voudraient pas mettre fin au chaos et seraient peut-être même directement impliqués dans les violences.

En juin, M. Jonathan a limogé son Conseiller à la sécurité nationale, le général Andrew Azizi qui est également la personne la plus étroitement associée à la politique de Boko Haram. Originaire du même État que le Président et premier sudiste à occuper ce poste, il était devenu un poids politique, selon Innocent Chukwuma, le directeur de la Cleen Foundation, une organisation non gouvernementale (ONG) de réforme du secteur de la justice.

Le remplaçant de M. Azizi, le colonel Sambo Dasuki, qui est un membre de la famille royale de Sokoto – le cœur de la classe dominante du nord du pays – a fait de la visite du bastion de Boko Haram au nord-est du pays une priorité, et s’est publiquement assuré de l’aide des chefs traditionnels pour promouvoir le dialogue.

« Selon moi, cela indique la mise en place d’une nouvelle stratégie pour répondre à Boko Haram », a dit M. Chukwuma, « une stratégie qui s’éloigne peut-être de l’approche plus belliciste. Je pense également que la nomination de M. Dasuki montre qu’ils ont compris qu’ils avaient besoin d’une personne originaire du Nord pour mieux comprendre Boko Haram ».

Divisions sur le dialogue

Des tentatives ont déjà été entreprises pour approcher le groupe. Ibrahim Datti Ahmad, le président du Conseil suprême pour la charia qui serait proche du fondateur de Boko Haram, Mohamed Yusuf, a participé à la dernière tentative en date. Les militants ont mis fin aux contacts, accusant le gouvernement de faire preuve de mauvaise foi parce que les médias avaient eu vent des négociations. Cette décision constituait une réponse aux récents rapports concernant une initiative entreprise au début du mois de juin et devait amener l’interlocuteur potentiel, l’islamologue Dahiru Usman Bauchi, à « se tenir à l’écart ».
Selon une étude réalisée par la Cleen Foundation et l’Alliance pour des élections crédibles en août 2011, 58 pour cent des Nigérians se prononçaient en faveur du dialogue avec Boko Haram. Cette étude n’a cependant pas fait ressortir d’importantes différences régionales : ainsi, 80 pour cent des habitants du nord-est du pays étaient favorables aux discussions contre seulement 35 pour cent des habitants du sud-est. Depuis les attaques perpétrées contre les églises dans le Nord, les habitants du Sud, qui sont majoritairement chrétiens, se montrent de moins en moins tolérants, et ce, bien que la majorité des victimes de Boko Haram soient des musulmans.

« Jonathan m’agace. Il devrait exprimer sa volonté politique, montrer qu’il s’occupe de la situation et se débarrasser de ce cancer », a dit Sunday Igbe, le directeur de la recherche et de la planification de l’Association chrétienne du Nigéria. « Boko Haram a tout intérêt à faire disparaître les chrétiens du pays ».

La première revendication de Boko Haram est l’instauration de la loi islamique dans tout le pays – elle laisse peu de place au dialogue dans ce pays multiconfessionnel. « Il y a la position de négociation et la véritable position de la personne », a dit Muazu Abubakar, professeur à l’université de Maiduguri et militant des droits de l’homme. « Le groupe a dit au monde entier qu’il voulait que les siens soient libérés de prison – c’est cela qui les préoccupe, pas la charia ».

Boko Haram demande également que des poursuites soient engagées à l’encontre des officiers de police responsables des meurtres de membres du groupe en juillet 2009, et notamment celui de son dirigeant Mohamed Yusuf, qui a été abattu alors qu’il se trouvait en garde à vue. Des indemnisations auraient été versées aux familles, mais les hauts responsables de la police accusés des meurtres n’ont pas encore été jugés.

« S’ils demandent une indemnisation pour les mosquées détruites et la libération des leurs, qui va indemniser les chrétiens innocents qui ont été tués », a demandé M. Igbe.

Quel Boko Haram ?

Boko Haram s’est transformé. Au départ, ce groupe inspiré d’une tradition millénariste du Nord était considéré comme une réponse à la corruption et à l’injustice de l’État nigérian et de la classe dominante islamiste. Après la mort de M. Yusuf, un jeune imam qui avait attiré un nombre important d’adeptes, le pouvoir a été transféré à Abubakar Shekau, qui était plus radical. Boko Haram a alors annoncé qu’il défendait la même cause que le mouvement djihadiste mondial.

« Il ne s’agit plus d’un seul groupe », selon l’analyste politique Hussaini Abdu. « Je pense qu’il y a différentes tendances. Il y a la tendance traditionnelle de M. Yusuf et aujourd’hui de M. Shekau, et il y a des groupes émergents qui profitent de l’insécurité dans le pays ».

Le 21 juin, le gouvernement américain a inclu M. Shekau et deux autres leaders sur la liste des « terroristes internationaux », mais il n’a pas placé Boko Haram sur la liste des organisations terroristes étrangères – une décision soutenue par le gouvernement nigérian et un certain nombre d’universitaires basés aux États-Unis.

Johnnie Carson, le Secrétaire d'État adjoint chargé du Bureau des Affaires africaines, a expliqué cette décision : « Boko Haram est composé d’au moins deux organisations : une organisation plus importante qui s’attache principalement à discréditer le gouvernement nigérian, et une organisation moins importante, mais plus redoutable, qui utilise des moyens de plus en plus sophistiqués et devient de plus en plus dangereuse ».
Bon nombre d’habitants du Sud pensent que Boko Haram bénéficie du soutien de puissants politiciens du Nord, dont l’objectif est de mettre la pression sur le gouvernement de M. Jonathan pour qu’il abandonne tout projet visant à proroger son mandat. Sa victoire aux élections de 2011 a provoqué de l’amertume, et le vote des électeurs du Nord devrait se porter sur un candidat originaire de cette région en 2015.

Les chefs traditionnels et les chefs islamiques du nord du pays sont perçus comme étant les détenteurs des clés du succès des négociations. Mais les attentats suicide du 13 juillet, auxquels le Shehu de Borno – qui occupe la seconde place dans la hiérarchie traditionnelle après le Sultan de Sokoto – a échappé de justesse, suggèrent que les racines idéologiques du groupe sont toujours fortes. « Cela nous laisse penser que personne n’est à l’abri, et qu’ils le considèrent comme faisant partie du système corrompu qu’ils combattent », a dit M. Abubakar.

Cela pourrait compliquer la tâche de M. Dasuki, le conseiller à la sécurité nationale, qui est à la recherche d’interlocuteurs adéquats. « La situation est très difficile en ce moment, il n’est pas facile pour les gens de se mettre en avant et de participer à des négociations », a noté M. Abubakar. « Le problème est en partie lié au fait que le gouvernement a perdu toute crédibilité au cours des dernières années. La majorité des gens n’ont plus confiance dans le gouvernement qui souffre d’un grave déficit de crédibilité ».

Pour souligner le manque supposé de sincérité d’Abuja, les principaux efforts réalisés par le gouvernement fédéral pour résoudre la crise dans le delta du Niger – les militants qui ont pris le contrôle des compagnies pétrolières se sont vus offrir l’amnistie et la réhabilitation, et la région a reçu des fonds de développement – sont différents de l’approche choisie pour le Nord. Jusqu’à présent, la seule initiative est une offre de 26 millions de dollars pour construire 400 écoles pour les Almajiris – des enfants envoyés dans des écoles coraniques par leurs familles et qui doivent mendier dans les rues pour leur survie.

Godson Jim-Dorgu, directeur de l’Environmental Health and Safety Network (réseau pour la santé et la sécurité de l’environnement) de l’État de Bayelsa dans le delta du Niger, n’a pas apprécié la comparaison. « Boko Haram est une organisation terroriste liée à Al-Qaïda. Ces membres n’ont aucune idéologie, ils n’ont pas de visage », a-t-il dit. « Tout le monde sait pourquoi les jeunes du delta du Niger se battent ; ils ont comme cible les installations pétrolières, pas les hommes ».

Le Nigéria sur la brèche

M. Abubakar de l’université de Maiduguri a sévèrement critiqué les divisions sectaires concernant la réponse à Boko Haram. « J’ai soutenu la lutte dans le delta du Niger. Selon moi, si ces violences perpétrées par Boko Haram se déroulaient dans une autre région du pays, alors une réponse collective serait proposée. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un problème limité au nord-est du pays ; il s’agit d’un problème nigérian auquel on n’a pas de réponse ».

L’identification des différentes étapes du processus de paix n’est que l’un des problèmes. M. Abubakar se prononce en faveur d’une stratégie menée par les services de renseignement pour convaincre Boko Haram de participer aux discussions, d’accepter un cessez-le-feu et d’établir un lien de confiance. « Nous devrions pouvoir trouver des personnes qu’ils respectent et en qui ils ont confiance », a-t-il dit. L’idée que l’actuel pouvoir ne soit pas favorable aux négociations est inquiétante.

Les responsables politiques ont tendance à ignorer la question de l’impunité quand cela permet un répit dans les violences, a dit M. Chukwuma, mais les personnes impliquées dans la campagne de Boko Haram ne devraient pas participer à la négociation d’un accord. « M. Shekau n’est même pas concerné, il a été clairement identifié comme un soutien au terrorisme international, mais il y a des membres qui occupent des postes intermédiaires à qui nous pouvons parler ».

Un délai a été fixé pour les négociations : selon les analystes, il s’agit du début de la campagne pour les élections présidentielles. Si les troubles ne prennent pas fin dans le Nord d’ici là, et que les élections ne peuvent pas être organisées en 2015, alors les 13 années de régime civil que le Nigéria vient de célébrer en mai pourraient vaciller.

VERSION ANGLAISE
Analysis: Carrot or stick? - Nigerians divided over Boko Haram
How to deal with Boko Haram violence splits Nigeria: in the north, the centre of bombings and shootings by the Islamist extremists, there is an almost universal demand for dialogue, while in the south the prevailing attitude is that there can be no negotiation with “terrorists” until they end the insurrection that has killed more than 1,000 people since 2009.

President Goodluck Jonathan has repeatedly said he is open to talks, but not with a “faceless” Boko Haram. “You must have a face. You must tell us the reason why you are doing what you are doing,” he said in an interview in June.

The government has also invested in the stick. But the unprecedented defence and security vote of US$6 billion for 2012, collaboration with Western security forces, and the closure of Nigeria’s borders with its northern neighbours, is yet to blunt the Salafists.

The security forces’ Joint Task Force (JTF) has also failed to win the wholehearted support of those they are deployed to protect. “It’s just collective punishment for everybody,” a doctor in the northeastern city of Maiduguri, where Boko Haram began in 2002, said. “Whenever there is an incident [the soldiers] cordon the area and start beating people… With time it will be the whole society against the military.”

A frustrated state prosecutor added: “Even if you flash your identity card at JTF you are told, `You lawyers, you are the brains behind our problems’. Colleagues have been made to do frog-jumps; there is so much intimidation and disrespect.”

The Christian community welcomes the JTF as a small comfort. But among some Muslims, the majority of the population, it is common to hear the conspiracy theories that the security services are making a fortune out of the chaos and do not want it to end, and may even have a direct hand in the violence.

In June, Jonathan sacked his National Security Adviser (NSA), Gen Andrew Azizi, the man most closely associated with the Boko Haram policy. He was the first southerner to hold the post, from the same state as the president, but he had become a political liability, according to Innocent Chukwuma, director of the Cleen Foundation, a justice sector reform NGO.

Azizi’s replacement, Col Sambo Dasuki, a member of the Sokoto royal family - the centre of the northern establishment - made it a priority to visit the northeastern home of Boko Haram, and publicly enlist the help of traditional leaders in promoting dialogue.
“I think it signals perhaps a different strategy in responding to Boko Haram,” said Chukwuma, “maybe moving away from the more hawkish approach. I also see Dasuki’s appointment as an admission they needed someone with a northern identity to better understand Boko Haram.”

A dialogue divide

Attempts have previously been made to reach out to the group. The most recent seems to have involved Ibrahim Datti Ahmad, president of the National Supreme Council on Sharia, who is believed to have had the respect of Boko Haram’s founder, Mohamed Yusuf. Contact was broken by the militants, who accused the government of bad faith, after the media got wind of the talks. It responded to fresh reports of another initiative in early June by advising the prospective interlocutor, Islamic scholar Dahiru Usman Bauchi, to “steer clear”.

In August last year, 58 percent of Nigerians supported dialogue with Boko Haram, according to a survey by the Cleen Foundation and the Alliance for Credible Elections. But that masked significant regional differences, with 80 percent of the northeast pro-talks, and just 35 percent of the southeast. With the continued attacks on churches in the north, tolerance is evaporating across the predominantly Christian south, even though the majority of Boko Haram’s victims have been fellow Muslims.

“I am annoyed with [Jonathan]. He should be able to demonstrate political will to show that he is in charge, and cut out this cancer,” said Sunday Igbe, director of research and planning at the Christian Association of Nigeria. “[Boko Haram’s] interest is to wipe Christianity from the face of this country.”

The most commonly understood demand of Boko Haram is Islamic shariah law for all Nigeria - which does not leave much room for dialogue in a multi-faith country. “There is a negotiating position, and then there is the true position of a person,” Maiduguri University lecturer and human rights activist Muazu Abubakar said. “The group has told the world they want their people released from prison - that is their real concern, not shariah.”

Boko Haram is also demanding the prosecution of the police officers responsible for the extra-judicial killing of their members in July 2009, including their leader Mohamed Yusuf, shot while in police custody. Compensation has reportedly been paid to their families, but senior police commanders accused of the deaths are yet to stand trial.
“If they are demanding compensation for their mosques destroyed and the freeing of their people, the question is, who provides compensation for the innocent Christians killed?” asked Igbe.

Which Boko Haram?

Boko Haram has morphed. Its original incarnation had its roots in a northern millenarian tradition, a response to the corruption and injustice of both the Nigerian state and the Islamic establishment. After the death of Yusuf, a young cleric who had attracted a significant following, power transferred to the more radical Abubakar Shekau, and common cause was made with the global jihadist movement.

“It is no longer a single group,” according to political analyst Hussaini Abdu. “My feeling is that there are different tendencies. There is the traditional one, that Yusuf and now Shekau leads, but there are also emerging groups capitalizing on the insecurity in the country.”

On 21 June the US government designated Shekau and two other leaders as “specially designated global terrorists”, but stopped short of listing Boko Haram as a foreign terrorist organization - a decision supported by the Nigerian government and a number of US-based scholars.

Explaining the calculation, Johnnie Carson, assistant secretary of state in the Bureau of African Affairs, said: “Boko Haram is composed of at least two organizations, a larger organization focused primarily on discrediting the Nigerian government, and a smaller more dangerous group that is increasingly sophisticated and increasingly lethal.”

Many in the south believe Boko Haram is sponsored by powerful northern politicians whose aim is to pressure the Jonathan administration into dropping any plans he may harbour of extending his term in office. His election victory in 2011 was a bitter contest, and much of the northern vote is likely to coalesce around a candidate from that region in 2015.

Northern traditional and Islamic leaders have been portrayed as holding the keys to talks. But the suicide bombing in Maiduguri on 13 July, which narrowly missed the Shehu of Borno - second only to the Sultan of Sokoto in terms of traditional hierarchy - suggests the group’s ideological roots remain strong. “It tells us nobody is safe, and that they see him as part of the corrupt system they are fighting,” said Abubakar.

That could complicate NSA Dasuki’s search for suitable interlocutors. “It is now a very difficult situation for people to come forward and offer to negotiate,” noted Abubakar. “Part of the problem is that government has lost credibility over these many years. The tendency is not to believe the government, they have a high credibility deficit.”

To underline Abuja’s alleged lack of sincerity, the major effort by the federal government to solve the Niger Delta crisis - where amnesty and rehabilitation packages were offered to the militants that took on the oil companies, and development funding was thrown at the region - is contrasted with its approach to the north. The sole initiative so far has been a promised US$26 million to build 400 schools for Almajiris - children sent to Islamic madrasas by their families, but who must beg on the streets for their upkeep.
Godson Jim-Dorgu, director of the Environmental Health and Safety Network in the Delta state of Bayelsa, was riled by the comparison. “Boko Haram is a terrorist organization with links to the Al-Qaeda. They don’t have an ideology, they’re faceless,” he said. ”Everybody knows what Niger Delta youths were fighting for; they targeted oil facilities and not human beings.”

Nigeria on the brink

Maiduguri University’s Abubakar is equally scathing over the sectarian divide in response to Boko Haram. “I supported the struggle in the Delta. For me, if this Boko Haram violence was happening in another part of the country, I would expect there to be collective responsibility to address it. I don’t see it as a northeastern problem; it is a fundamental Nigerian problem that is not being addressed.”

But identifying what the steps to peace are, is just one critical problem. Abubakar calls for an intelligence-led strategy to bring Boko Haram to the table to agree a ceasefire and build confidence. “There must be people they respect and trust that we can reach out to,” he said. The idea that the current leadership may not want to negotiate was an uncomfortable thought.

Politicians are usually willing to ignore the issue of impunity if it can buy a reprieve to the violence, said Chukwuma, but anybody involved in directing Boko Haram’s campaign should not be part of any settlement. “Shekau is not even on the cards, he’s clearly identified as an international terror sponsor, but there are middle-level people we can talk to.”

There is a deadline for negotiations, and that is the start of the presidential election campaign, analysts say. If the north is still in turmoil by then, and polling cannot be held in 2015, then the 13 years of civilian rule that Nigeria celebrated in May could begin to look shaky.

“The country is already in a difficult place, heading down a shaft from which recovery will be very difficult,” Chidi Odinkalu, chairman of the National Human Rights Commission, said. “If the north is effectively Balkanized by the insecurity, God knows what will happen next.”

Wednesday, May 23, 2012

SECURITY: A quick reaction force moulded by Africa's circumstances

Africa’s crises are both honing and stalling the formation of the African Standby Force (ASF) of the African Union (AU) - a quick reaction force that could eventually number about 30,000 troops to be deployed in a range of scenarios, from peacekeeping to direct military intervention.

Originally intended to become operational in 2010, the deadline for the ASF has been reset for 2015; but despite the delay, the ASF is becoming increasingly woven into the operating procedures of current AU security operations.

The ASF “is very much a work in progress”, African Union Commissioner of Peace and Security Ramtane Lamamra said, but “at the political level there is a strong support for it under the guiding principle of bringing about African solutions to African problems.”

Once up and running, the ASF will be based on five regional blocs each supplying about 5,000 troops: the Southern African Development Community (SADC) force (SADCBRIG), the Eastern Africa Standby force (EASBRIG), the Economic Community of West African States (ECOWAS) force (ECOBRIG), the North African Regional Capability (NARC), and the Economic Community of Central African States (ECCAS) force (ECCASBRIG), also known as the Multinational Force of Central Africa (FOMAC).

The regional forces are not a standing army like national forces. As the AU Peace and Security Council protocol of the ASF stipulates, they “shall be composed of standby multidisciplinary contingents with civilian and military components in their countries of origin and ready for rapid deployment at appropriate notice.”

The ASF is the legacy and logic of the Constitutive Act of the AU adopted in 2000, the successor to the Organisation of African Unity (OAU). In a complete break from the OAU, which had advocated non-interference in member states, the Act gave the AU both the right to intervene in a crisis, and an obligation to do so “in respect of grave circumstances, namely: war crimes, genocide and crimes against humanity”.

Lamamra said the ASF “Implies the immediate availability of the instruments [of intervention and prevention] to be translated into concrete deeds... when they relate to some kind of enforcing decisions of the legitimate organs of the African Union, such as cases of unconstitutional changes of government… or armed rebellion, such as the terrorist situation in northern Mali.”

The African Union Mission in Somalia (AMISOM) was held up as an example of what the ASF could be. “I believe the learning curve for the standby force is AMISOM. We have to deliver on the lessons learned in the AMISOM process - five years of effective presence on the ground under quite challenging circumstances,” Lamamra said.

“The lesson of AMISOM is that Africans should be ready to make sacrifices, and Uganda has wonderfully shown that they are ready to make sacrifices for the common good of Africa.” Uganda has supplied most of the AU troops supporting the Somali government against jihadist rebels.

The AU has deployed 14 staff officers to Mogadishu, the capital of Somalia, “in the first ever deployment of ASF elements,” El Gassim Wane, AU Commission director of peace and security, said.


A field exercise - Amani II, following the Amani I mapping exercise in 2010 - is being planned for 2014 and three of the five brigades are expected to take participate.

Article 4 (h)

Lamamra was confident that by 2015 all of the ASF’s regional brigades - with the probable exception of NARC, owing to the disruptions of the Arab Spring - would be operational and able to fulfil all the criteria of AU’s Article 4 (h), which influenced the international development of the UN Responsibility to Protect (R2P) doctrine.

There are six scenarios in Article 4 (h). The lowest rung is the attachment of a regional military advisor to a political mission; then an AU regional observer deployed within a UN mission; followed by a stand-alone AU regional observer mission; and deployment of a regional peacekeeping force under the auspices of a Chapter VI mandate, all within a timeframe of 30 days or less. Scenario five is a multidimensional AU peacekeeping force deployed within 90 days, and scenario six relates to “grave circumstances”, such as genocide, and deployment within 14 days.

Lamamra said the timeline of 14 days for level-six intervention should be reassessed to about seven days. “For instance, resolution 1973 of the UN Security Council was adopted on 17 March and the actual military operation started on 19th March - 14 days would have been too much in terms of protecting civilians.”

In a 2010 paper, The Role and Place of the African Standby Force within the African Peace and Security Architecture, Solomon Dersso, a senior researcher at the Addis Ababa office of the Institute for Security Studies, a Pretoria-based think-tank, notes that “Article 4 (h) not only creates the legal basis for intervention but also imposes an obligation on the AU to intervene to prevent or stop the perpetration of such heinous international crimes anywhere on the continent.”

However, implementation of R2P rests with the Security Council, while the imposition of Article 4 (h) resides with the AU and does not require the Security Council’s blessing.

Scenario six of Article 4 (h) has yet to be used by the AU and Dersso said he “sincerely doubted” the article would be invoked in the short term against member states, as “it would deprive the AU of any leverage it has over a target government,” and the AU has already “shied away” from implementing the article in Darfur.

He expected the ASF to be close to being able to comply with Article 4 (h) level-five scenarios by 2015, but the development of regional forces was proceeding at different paces.

The two-speed progress of the regional brigades - in which ECOWAS and SADC are recognised as the furthest along the path - is not just a consequence of the two regional blocs housing the continent’s economic power houses of Nigeria and South Africa, AU Commission director of peace and security El Gassim Wane said.
“ECOWAS and SADC have made tremendous progress, EAS Brigade too, while NARC in the north was lagging behind, but then started speeding up, but the Libyan crisis meant progress had to stop,” he said.

“Money may play a role, but money alone cannot explain that. ECOWAS and SADC focused early on conflict and security issues, so had a competitive advantage in the very beginning. Experience, length of involvement in peace and security issues, have certainly played a key role,” Wane said.

Alex de Waal, executive director of the World Peace Foundation, said the availability of a standby force could cloud judgment.

“Intrinsically, in most of these situations what is needed is a political response, and there is a temptation that if you have a standby force to use it because you have a military capacity… And my concern over something like Mali would be that the military option runs the danger of getting the AU into a Somalia-type situation, where the use of military force five or six years ago by the US and Ethiopia very seriously rebounded. But having said that - yes, in a situation where there is a need for some sort of peacekeeping deployment in the context of a political initiative, it makes sense.”

Alternatives to the ASF?

Analysts have questioned whether 30,000 troops would be sufficient to deal with the continent’s crises, and 2012 has illustrated that such concerns are valid. A range of crises this year erupted within the space of a few weeks, from the uneasy relationship between South Sudan and Sudan deteriorating into border skirmishing, to coup d’etats in Mali and Guinea-Bissau.
Wane said the establishment of the ASF did not necessarily mean it would be the only security option at the AU’s disposal, and the four-country operation against Joseph Kony’s Lord’s Resistance Army, (LRA) a rebel movement that started in northern Uganda, could be considered as a useful model for the future.

“It’s not an ASF operation per se, as ASF has its own processes, and it was not really conceived as an ASF operation - it was conceived as an ad hoc, very flexible arrangement to enhance effectiveness to deal with the LRA once and for all. It’s a very flexible and creative way of dealing with a specific security issue… Who knows? We may replicate it elsewhere, where there is a security problem,” he said.

The force ranged against the LRA - comprising soldiers from the Central African Republic (CAR), Democratic Republic of Congo (DRC), South Sudan and Uganda - has fought against the LRA in past, but is set apart, as it operates under the aegis of the AU.

Abou Moussa, the Special Representative and Head of the United Nations Regional Office for Central Africa (UNOCA), based in Libreville, Gabon, said: “The specific nature of this deployment [against the LRA] is termed ‘authorised’ as compared to ‘mandated’.”

“Under authorised deployment, each country provides for the needs and requirements of their respective troops without the AU's contribution. This is extremely important, as this can be considered as their own contribution towards the determination to put an end to Kony's actions. It is very costly. However, the AU covers the needs of staff officers - some 30 of them posted to the various coordinating centres.”

The AU task force has three operational centres, located in Dungu, DRC, at Obo in CAR, and Nzara in South Sudan, with its headquarters in Yambio, South Sudan.

“The Regional Coordination Initiative [against the LRA] means more subtle changes in the way the operation is run, with representatives of all four countries involved in the command structure in Yambio,” which sidesteps the politically sensitive issue of the DRC’s refusal to host Ugandan forces on its soil, Ned Dalby, a central Africa analyst for the International Crisis Group, a conflict resolution NGO, said.

In July 2005, the International Criminal Court indicted Kony and four of his commanders, Okot Odhiambo, Dominic Ongwen, Raska Lukwiya and Vincent Otti, for a variety of crimes against humanity and war crimes. Lukwiya and Otti have subsequently been killed, but the arrest warrants for the remaining three remain outstanding. The LRA has not been active in Uganda since 2006.

Wednesday, May 16, 2012

SÉCURITÉ : Une force d'intervention rapide pour répondre à la situation en Afrique

Les crises qui secouent le continent africain ont à la fois favorisé et entravé la formation de la Force africaine en attente (FAA) de l’Union africaine (UA) – une force d’intervention rapide qui pourrait être composée de 30 000 soldats déployés dans le cadre d’opérations allant du maintien de la paix aux interventions militaires directes.

La mise en œuvre de la FAA, initialement prévue en 2010, devrait intervenir en 2015 ; malgré le retard accusé, la FAA est de plus en plus fréquemment impliquée dans les procédures liées aux opérations de sécurité menées par l’UA.

La FAA « est loin d’être opérationnelle », a dit Ramtane Lamamra, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union Africaine, mais « au niveau politique, elle bénéficie d’un fort soutien, conformément au principe directeur selon lequel il faut des solutions africaines aux problèmes africains ».

Une fois opérationnelle, la FAA se composera de cinq forces régionales qui fourniront chacune 5 000 soldats : la brigade de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADCBRIG), la brigade en attente de l’Afrique orientale (EASBRIG), la brigade de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (ECOBRIG), la Capacité régionale de l’Afrique du Nord (NARC) et la brigade de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (ECCASBRIG), également connue sous le nom de Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC).

Contrairement aux forces nationales, les forces régionales ne constituent pas une armée permanente. Comme le Conseil de paix et de sécurité de la FAA de l’UA le stipule, elles « seront composées de contingents multidisciplinaires en attente, avec composantes civiles et militaires, stationnées dans leurs pays d’origine et prêtes à être déployées rapidement, aussitôt que requis ».

La FAA est un héritage de l’Acte constitutif de l’UA qui a été adopté en 2000 et qui a vu l’UA succéder à l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Contrairement à l’OUA qui fonctionnait selon le principe de la non-ingérence dans les affaires des États membres, l’Acte donnait à l’UA le droit d’intervenir dans les situations de crises et lui donnait l’obligation de le faire « dans certaines circonstances graves, comme les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l’humanité ».

M. Lamamra a indiqué que la FAA « prévoit la mise à disposition immédiate des instruments [d’intervention et de prévention] qui doit se traduire par des actes concrets ... lorsqu’ils concernent la mise en application de décisions prises par les organes légitimes de l’Union africaine, comme les cas de changements anticonstitutionnels de gouvernement … ou de rébellions armées, telle la situation du terrorisme dans le nord du Mali ».

La Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) a été citée en exemple de ce que la FAA pourrait être. « Je pense que l’AMISOM constitue un modèle d’apprentissage pour la force en attente. Nous devons tirer les leçons du processus de l’AMISOM – cinq ans de présence effective sur le terrain dans des situations assez difficiles », a dit M. Lamamra.

« La leçon à tirer des actions de l’AMISOM est que les Africains devraient être prêts à faire des sacrifices, et l’Ouganda a démontré avec brio qu’il était prêt à faire des sacrifices pour le bien de l’Afrique ». L’Ouganda était le principal contributeur de troupes à la mission de l’Union africaine qui a soutenu le gouvernement somalien confronté aux rebelles djihadistes.

L’UA a envoyé 14 officiers d’état-major à Mogadiscio, la capitale de la Somalie, « lors du tout premier déploiement des soldats de la FAA », a déclaré El Gassim Wane, le directeur du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.

Un exercice de terrain – l’opération Amani II, mise en œuvre après l’opération d’évaluation Amani I de 2010 – est prévu pour 2014 et trois des cinq brigades devraient y prendre part.

Article 4 (h)

M. Lamamra était convaincu que d’ici 2015 toutes les brigades régionales de la FAA – à l’exception probable de la NARC, en raison des perturbations liées au Printemps arabe – seraient opérationnelles et capables de répondre aux critères de l'Article 4 (h) de l’UA, qui a inspiré le développement international de la doctrine de la responsabilité de protéger (R2P) des Nations Unies.
L’Article 4 (h) présente six scénarios. Le premier prévoit l’envoi d’un conseiller militaire régional dans le cadre d’une mission politique ; le second, une mission d’observation de l’UA dans le cadre d’une mission des Nations Unies ; le troisième, une mission d’observation régionale autonome ; le quatrième, le déploiement d’une force de maintien de la paix régionale au titre du chapitre VI de la Charte des Nations Unies, dans les 30 jours à compter du mandat de l’UA. Le cinquième scénario prévoit des missions multidimensionnelles de maintien de la paix, avec un déploiement dans les 90 jours du mandat de l’UA. Le scénario six concerne les « circonstances graves », comme le génocide, et prévoit un déploiement dans les 14 jours.

M. Lamamra a indiqué que la période de 14 jours prévue dans le scénario d’intervention six devrait être ramenée à sept jours. « Par exemple, la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies a été adoptée le 17 mars et l’intervention militaire a débuté le 19 mars – la période de 14 jours aurait été trop longue en matière de protection des populations civiles ».

Dans un article de 2010, « The Role and Place of the African Standby Force within the African Peace and Security Architecture », Solomon Dersso, un chercheur du bureau d’Addis Abeba de l’Institut d’études de sécurité (ISS), un groupe de réflexion basé à Pretoria, note que « l’Article 4 (h) donne non seulement une base légale à l’intervention, mais oblige également l’UA à intervenir pour prévenir ou mettre fin à la perpétration de crimes internationaux aussi monstrueux sur tout le continent ».

Toutefois, l’application du principe de R2P incombe au Conseil de sécurité, tandis que l’application de l’Article 4 (h) incombe à l’UA et ne requiert pas l’accord du Conseil de sécurité.

Le scénario d’intervention six prévu par l’Article 4 (h) n’a pas encore été utilisé par l’UA et M. Dersso a indiqué qu’il « doutait sincèrement » que l’article soit invoqué à court terme contre des États membres, car « cela priverait l’UA de tout moyen de pression sur le gouvernement ciblé », et l’UA a déjà « renoncé » à appliquer cet article au Darfour.

Selon lui, la FAA devrait pouvoir respecter le scénario cinq de l’Article 4 (h) d’ici à 2015, mais il a indiqué que le développement des forces régionales s’effectuait à des rythmes différents.

Le développement à deux vitesses des brigades régionales – celles de la CEDEAO et de la SADC sont les plus avancées – n’est pas seulement une conséquence de l’existence des deux blocs régionaux qui abritent les puissances économiques que sont le Nigéria et l’Afrique du Sud, a précisé El Gassim Wane ; directeur du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.

« La CEDEAO et la SADC ont fait d’immenses progrès, tout comme la brigade de l’Afrique de l’Est, tandis que la NARC au Nord a pris du retard avant de réaliser des progrès, mais la crise libyenne a mis fin à ces avancées », a-t-il dit.

« L’argent a joué un rôle, mais l’argent seul n’explique pas tout. La CEDEAO et la SADC se sont très vite intéressées aux questions relatives aux conflits et à la sécurité, et ont donc eu un avantage dès le début. L’expérience ainsi que la durée de leur implication dans les questions de paix et de sécurité ont certainement joué un rôle majeur », a dit M. Wane.

Alex de Waal, directeur exécutif de la World Peace Foundation, a dit que la disponibilité d’une force en attente pourrait altérer les jugements.

« Intrinsèquement, dans la plupart de ces situations, une réponse politique est nécessaire, et si une force en attente est disponible, on peut être tenté d’y recourir, car on a une capacité militaire … Mon inquiétude concernant le Mali, par exemple, est que l’option militaire risque de mener l’UA dans une situation identique à celle de la Somalie, où l’utilisation de la force militaire par les États-Unis et l’Éthiopie il y a cinq ou six ans a eu de graves conséquences. Cela dit – il, dans une situation où un déploiement de forces de maintien de la paix est nécessaire dans le cadre d’une initiative politique, il est logique d’y avoir recours ».

Alternatives à la FAA ?

Des experts se sont demandé si les 30 000 soldats de la FAA seraient capables de faire face aux crises qui secouent le continent, et l’année 2012 a montré que ces inquiétudes étaient justifiées. Cette année, plusieurs crises ont éclaté en l’espace de quelques semaines : la relation difficile entre le Soudan du Sud et le Soudan s’est détériorée et a entraîné des affrontements à la frontière, le Mali et la Guinée-Bissau ont connu des coups d’états.

M. Wane a dit que lorsque la FAA serait établie, elle ne serait pas nécessairement la seule option de sécurité à la disposition de l’UA, et que l’opération lancée par quatre pays à l’encontre de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony, un mouvement rebelle né dans le nord de l’Ouganda, pourrait constituer un exemple utile à l’avenir.

« Ce n’est pas vraiment une opération de la FAA, car la FAA a son propre processus, et elle n’a pas vraiment été conçue comme une opération de la FAA – elle a été conçue comme un arrangement ad hoc, très flexible visant à renforcer l’efficacité de la réponse à la LRA une fois pour toute. C’est une manière très flexible et créative de répondre à une question de sécurité spécifique … Qui sait ? Nous pourrons la reproduire ailleurs, en cas de problème de sécurité », a-t-il dit.

La force qui s’est opposée à la LRA – composée de soldats de la République centrafricaine (RCA), du Soudan du Sud et de l’Ouganda – l’a déjà combattue par le passé, mais elle est différente, car elle opère sous l’égide de l’UA.

Abou Moussa, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, basé à Libreville au Gabon, a dit : « Ce déploiement [contre la LRA] est particulier, il est « autorisé » et non pas « mandaté ».
« Dans le cadre d’un déploiement autorisé, chaque pays répond aux besoins et aux exigences de ses propres troupes sans contribution de l’UA. C’est extrêmement important, car le déploiement peut être considéré comme leur contribution pour mettre fin aux agissements de M. Kony. Le déploiement est très coûteux, L’UA couvre toutefois les besoins des officiers d’état-major – environ trente d’entre eux sont stationnés dans les différents centres de coordination ».

La force de l’UA dispose de trois centres des opérations, situés à Dungu (RDC), Obo (RCA) et Nzara au Soudan du Sud. Son quartier général se trouve à Yambio, au Soudan du Sud.

« L’Initiative de coopération régionale [contre la LRA] implique des changements plus subtils dans la manière dont l’opération est conduite, avec des représentants des quatre pays présents au sein de la structure de commandement à Yambio », qui contourne la question sensible sur le plan politique du refus de la RDC d’accueillir les troupes soudanaises sur son sol, a dit Ned Dalby, un expert de l’Afrique centrale de l’International Crisis Group, une organisation non gouvernementale (ONG) qui œuvre en faveur de la résolution des conflits.

En juillet 2005, la Cour pénale internationale a inculpé M. Kony et quatre de ses commandants, Okot Odhiambo, Dominic Ongwen, Raska Lukwiya et Vincent Otti pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. M. Lukwiya et M. Otti ont par la suite été tués, mais les mandats d’arrêt lancés à l’encontre des trois autres hommes n’ont toujours pas été exécutés. La LRA n’opère plus en Ouganda depuis 2006.

Thursday, February 9, 2012

NIGERIA: Jamais aussi divisé, jamais aussi uni

Un mois après les manifestations qui ont éclaté dans l’ensemble du Nigeria pour protester contre l’augmentation spectaculaire des prix du carburant survenue à la suite de la suppression d’une subvention du gouvernement, le calme s’est rétabli et la population semble avoir décidé d’accepter un compromis.

À la suite de la fin de la subvention, le 1er janvier, le prix du pétrole est passé de 65 nairas à 141 nairas (0,40 à 0,90 dollar) le litre, ce qui a entraîné une augmentation importante du coût des transports et des denrées alimentaires.

La population a réagi rapidement et massivement. Encouragées par les syndicats, les organisations professionnelles et la société civile, les différentes communautés de cette nation de 167 millions d’habitants sont descendues dans la rue, paralysant du coup l’économie et allant même jusqu’à menacer d’arrêter la production de pétrole. Surprise ! Les autorités ont cédé aux pressions des manifestants et décidé de ramener l’augmentation du prix du carburant à 50 pour cent au lieu de plus de 100 pour cent.

« Le Nigeria n’a jamais été aussi divisé depuis la guerre civile, et pourtant, la population n’a jamais été aussi unie dans toute son histoire », a dit Hussaini Abdu, analyste politique et directeur de l’organisation non gouvernementale (ONG) ActionAid Nigeria.

Les Nigérians sont nombreux à considérer le carburant bon marché comme l’un des rares avantages d’un gouvernement autrement inefficace et corrompu. Les manifestants ont envoyé un signal fort, ont déclaré les analystes. « Les Nigérians croient qu’en payant plus pour le pétrole, ils financent la corruption », a dit M. Abdu.

Le gouvernement soutient quant à lui qu’il pourrait économiser 8 milliards de dollars par an en supprimant la subvention. Cet argent pourrait être investi dans la construction de routes et la mise en œuvre de projets sociaux et ainsi permettre d’améliorer les conditions de vie des citoyens. Les autorités estiment par ailleurs que la subvention ne profite qu’aux intermédiaires, et non au public, et les partisans de sa suppression disent qu’elle profite aux riches et favorise la contrebande avec les pays voisins.

Le gouvernement croit que les Nigérians bénéficieront de la déréglementation de l’aval pétrolier, et donne comme exemples la construction, la réhabilitation et l’achèvement – prévus ou en cours – de chemins de fer, de raffineries, d’autoroutes, de centrales hydroélectriques, de technologies de l’information et de systèmes d’approvisionnement en eau.

Programme SURE

Ces projets, qui profiteront à la population, seront mis en œuvre dans le cadre du Subsidy Reinvestment and Empowerment Programme (SURE), qui finance également des programmes de protection sociale à court terme pour atténuer l’effet de la suppression de la subvention.

On peut se demander à quel point la population sera convaincue (du bien-fondé du programme). Selon les analystes, si les Nigérians se sont montrés aussi unis lors des manifestations, c’est à cause de la corruption, mais aussi de l’amertume suscitée par les politiques du gouvernement, qui les ont rendus pauvres. Le salaire minimum est passé de l’équivalent de 46 dollars à 112 dollars par mois en 2011, mais la plupart des Nigérians sont moins bien payés.

Selon le Centre for the Study of the Economies of Africa (CSEA), les plus démunis pourraient consacrer une part encore plus importante de leur revenu à la nourriture à cause de l’inflation causée par l’augmentation du prix du carburant et de la hausse du coût des transports. (D’après le CSEA, les Nigérians consacrent en moyenne 51 pour cent de leur revenu, soit la part la plus importante, à l’achat de denrées alimentaires. Les transports figurent en troisième position avec 7 pour cent.)

Selon le CSEA, le Comité de politique monétaire (Monetary Policy Committee, MPC), qui est responsable de l’élaboration de la politique monétaire et du crédit, devrait faire preuve de neutralité afin de soutenir les efforts du gouvernement pour stimuler l’économie par l’intermédiaire du programme SURE, qui met l’accent sur la création d’emplois. « À moyen terme... les prix pourraient diminuer grâce aux efforts déployés dans le cadre du programme SURE pour combler le déficit d’infrastructures dans l’économie », ajoute le CSEA.

Le gouvernement devra peut-être prouver, à court terme, qu’il est différent des gouvernements précédents et qu’il est responsable et sensible aux préoccupations actuelles de la population. Sinon, la population pourrait descendre de nouveau dans la rue pour manifester sa colère contre le gouvernement central.

Selon Jeff ‘vwede Obahor, un consultant en matière de sécurité, les Nigérians ont maintenant rare le bol avec la suppression de la subvention sur le carburant, et tout ce qu’ils veulent maintenant, c’est une bonne gouvernance. « ….il s’est passé trop de choses et c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».


Version anglaise

NIGERIA : Never so divided, never so united
A month after an angry public launched protests across Nigeria over skyrocketing fuel prices due to the removal of a government subsidy, a measure of calm has returned and people seem to have settled into accepting a compromise.

The removal of the subsidy on January 1st raised petrol prices from 65 naira to 141 naira (40 to 90 US cents) per litre, and led to sharp increases in food and transport costs.

The public response was swift and widespread. Led by labour unions, professional groups and civil society, different communities across this nation of 167 million people marched through the streets, paralysing businesses and even threatening to shut down the oil industry. A stunned government backed down, settling for a 50 percent rather than a more than 100 percent hike in the fuel price.

"Nigeria has never been this divided since the civil war, and yet the country has never been this united in protest in its history," said Hussaini Abdu, a public policy analyst and director of ActionAid Nigeria.

Many people see cheap fuel as one of the few benefits they get from an otherwise inefficient and corrupt government. The protesters were putting down a marker, say analysts. “Nigerians think that by paying more for fuel, they are only subsidizing corruption,” said Abdu.

The government’s position is that removal of the subsidy would save US$8 billion a year which could then be spent on roads and social projects, and improve citizens’ lives. It says the subsidy only benefits middlemen, not the public, and supporters say the fuel subsidy favours the rich and encourages fuel smuggling to neighbouring countries.

The government believes Nigerians will gain from deregulation of the downstream petroleum sector, and points to the planned or ongoing construction, completion and rehabilitation of railway lines, refineries, highways, hydro-electric stations, information technology and water supply systems.

SURE

These projects, which will benefit the public, are to be executed under a Subsidy Reinvestment and Empowerment Programme (SURE), which also funds short-term social welfare programmes to cushion the impact of the subsidy removal.

The degree to which the public will be convinced is debatable. Analysts say that apart from corruption, people showed unity in the protests out of bitterness at government policies which have left them poor: The minimum monthly wage increased in 2011 from the equivalent of US$46 to $112, but most Nigerians are paid less than this new wage level.

The Centre for the Study of the Economies of Africa (CSEA) says inflation caused by the fuel price rise could lead to poor people spending an even higher proportion of their income on food because they would be paying more for transport. (CSEA says food has the highest weight of 51 percent in Nigerian’s inflation basket; transport has the third highest weight of 7 percent.)

CSEA also says a neutral stance by the Monetary Policy Committee, which sets monetary and credit policy, would help government’s efforts to boost the economy through its SURE programme and its emphasis on job creation. “In the medium term… prices may moderate as efforts are channelled towards addressing the infrastructure deficit in the economy through the SURE programme,” it adds.

The government may have to demonstrate, rather quickly, that it is different from previous ones; that it is accountable; and is attuned to current public sentiment. Otherwise, the show of united public anger against the central government may spill onto the streets again.

Safety consultant Jeff ‘vwede Obahor said the subsidy removal had brought Nigerians to a tipping point, and all they wanted now was good governance. "It's like a champagne effect; too many things have been going down and this is the last straw."

Thursday, February 2, 2012

La propagation de l’insurrection au nord du Nigeria

Maiduguri – Alors que le bruit lointain d’une bombe place par des militants est suivi quelques secondes après du crépitement des armes automatiques des soldats gouvernementaux, Satu Mari tend l’oreille dans le parking de l’hôtel qu’il possède à Maidiguri, une ville du nord-est turbulent du Nigeria. « Les bombes sont notre pain quotidien, » dit-il avec désinvolture. « les bombes sont notre bonjour et notre bonsoir. » Maiduguri s’enfonce vers une guérilla à part entière et M. Mari gère une des rares entreprises à avoir un bel avenir. Il héberge des officiers de l’armée.
Le gouvernement dépêche des centaines de soldats dans le nord du Nigeria pour combattre des militants islamistes qui seraient le produit d’une petite secte au cours de la dernière décennie. Connue sous le nom de Boko Haram, on lui reproche presque tous les actes de violence qui surviennent en ce moment dans la nation la plus peuplée d’Afrique, avec quelque 160 millions d’habitants. Après une série d’attaques contre des banques et des prisons fin 2010, les militants auraient monté d’un cran en assassinant des politiciens et des employés qui étaient chargés de préparer les élections de mars et avril de l’année dernière. On leur impute aussi des bombes qui ont explosé au quartier général pourtant très surveillé de la police nationale et dans les bureaux de l’ONU à Abuja, la capitale. Et, pour la deuxième année consécutive, Boko Haram est accusé d’avoir attaqué des messes de Noël dans des églises.
Toutes ces actions semblent largement excéder les capacités d’une petite secte connue surtout pour ses opinions sur l’éducation séculière. En haoussa, la langue la plus parlée au nord, Boko Haram signifie « l’éducation occidentale est interdite.» La fréquence et la sophistication des attaques ont conduit de nombreux observateurs, particulièrement en Amérique, à suggérer que l’organisation reçoit un soutien de réseaux terroristes internationaux. La branche algérienne d’al Qaïda et, plus improbable, les Shabab de Somalie ont été mentionnés. Le gouvernement du Nigeria, désireux d’obtenir de généreux financements en tant qu’allié sur la ligne de front de la « guerre globale contre la terreur » menée par l’Occident, a encouragé ce genre d’explications.
Cependant, les dirigeants politiques et religieux du nord majoritairement musulman, voient les choses autrement. Pour eux ; l’organisation islamiste insérée dans un réseau international qui s’active férocement dans la clandestinité est largement un bouc émissaire imaginaire. Ils disent qu’il y a bien quelques vrais fanatiques religieux dans le nord du pays mais ils laissent entendre que Boko Haram a été agrégé à un mélange trouble de criminels opportunistes et de politiciens aigris. « C’est un peu comme un Triangle des Bermudes, » explique Kashim Shettima, gouverneur de l’Etat de Borno d’où l’organisation est originaire. « Boko haram » est devnu une franchise où n’importe qui peut se servir. »
Jonathan Goodluck, le président Nigerian semble ambivalent. Il a affirmé que Boko Haram et ses sympathisants avaient infiltré toutes les branches de l’Etat, y compris la police et l’armée. « Certains continuent à plonger la main dans l’assiette [commune] et à manger avec vous, et il vous sera impossible de savoir qui pointera une arme vers vous ou placera une bombe derrière votre maison, » avait-il dit à une congrégation dans une église à Abuja.
Le président, un Chrétien impopulaire dans le nord musulman, suit les conseils de ses hauts responsables de la sécurité qui veulent du sang. Il a placé une bonne partie du nord en état d’urgence. Il semble disposé à donner à la police et aux forces armées les mains libres pour effectuer des opérations à grande échelle. Et il s’est donné comme objectif de dépenser une somme étonnante correspondant à 20 % du budget fédéral pour la sécurité cette année.
Certains craignent que de telles mesures aggravent les choses. Déjà déployés dans certaines parties du nord, les soldats sont vues comme des occupants par les locaux. Leur rudesse, parfois leur comportement violent nourrissent des sentiments de révolte. Un retour de flamme est déjà en train de se produire.
Le nord a un besoin urgent de développement économique. Alors que le riche sud pétrolier est en plein essor, près de trois quart des habitants du nord vivent avec moins de 200$ par an, bien en dessous des seuils de pauvreté. Peu de programmes gouvernementaux viennent réellement en aide à cette région
Les 80 millions de Musulmans du pays mettent cette situation au compte d’une perte d’influence politique. Quand l’armée dirigeait le Nigeria, les nordistes étaient souvent aux responsabilités, mais cela s’est terminé il y a douze ans. Un sentiment de marginalisation a provoqué une insatisfaction politique que les extrémistes nordistes ont alimentée. Pourtant, les services de renseignements chargés de les traquer semblent rarement les trouver, que ce soient des extrémistes religieux ou des opportunistes politiques. Pendant que les barbouzes continuent leur travail, le gouvernement doit rapidement s’occuper de doléances anciennes et légitimes.
Pour l’instant, c’est le contraire qui s’est produit. La décision gouvernementale audacieuse de supprimer le subventionnement du carburant à partir du 1er janvier, quel que soit son bien fondé économique, a encore élargi le fossé entre riches et pauvres. Des grèves d’ampleur nationale ont suivi cette mesure. La tension et l’anarchie se sont accrues.
Pourtant, l’Etat nigérian a montré qu’il peut mettre fin à une insurrection s’il joue ses cartes correctement. Il y a quelques années de cela, la plus grande partie des violences politiques au Nigeria se produisait dans le delta du Niger au sud du pays. Tout comme les habitants du nord aujourd’hui, ceux du delta se plaignaient de la corruption, de la pauvreté, de l’inégalité et du manque de développement. Certains habitants du delta avaient soutenu des organisations armées ; d’autres avaient bénéficié de leurs largesses. Dans les neuf premiers mois de 2008, près de 1 000 personnes avaient été tuées pendant les troubles et près de 3 00 prises en otage. Sur plusieurs années, le coût pour le Nigeria, du fait des vols de pétrole et des sabotages d’oléoducs, a été estimé à environ 24 milliards de dollars.
Mais un accord signé en 2009, comprenant une amnistie, a permis de ramener une paix relative dans la région. Les militants ont reçu de l’argent et un pardon inconditionnel. Près de 26 000 d’entre eux avaient accepté Selon des chiffres officiels, plus de 15 000 anciens militants ont reçu une formation professionnelle ou une instruction élémentaire sur le tard..

Même si le delta est beaucoup plus sûr, le programme d’amnistie n’a pas encore ramené totalement la paix. Et son coût a été élevé. Les militants repentis touchent chacun 393 dollars par mois en numéraire plus des bons d’alimentation pendant la phase de réhabilitation. Dans le budget de l’Etat pour cette année, 458 millions de dollars seront dépensés pour financer l’amnistie – plus que ce qui est accordé à la commission pour l’éducation fondamentale qui offre un enseignement primaire gratuit. Certains affirment que le véritable objectif de Boko Haram n’est pas un Etat islamique mais une portion du gâteau de l’amnistie. Si c’est le cas, le gouvernement devrait alors explorer cette possibilité.