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Tuesday, December 27, 2011

La secte islamiste Boko Haram frappe de plus en plus fort au Nigeria

Par MARIANNE MEUNIER

Créé en 2002, le mouvement a décuplé sa force de frappe malgré la perte de son chef. La déliquescence de l’État et l’extrémisme religieux sont ses deux terreaux.

Les autorités ont annoncé n’exclure aucune piste au lendemain des « attentats de Noël» qui ont fait au moins quarante morts au Nigeria les 24 et 25 décembre. Quatre attaques ont frappé le pays le plus peuplé d’Afrique (160 millions d’habitants) durant ces deux jours. Parmi les cibles, les locaux des services de renseignement à Damaturu, dans le nord-est, une église évangélique à Jos, dans le centre, ou l’église catholique Sainte-Theresa, à Madalla, à 35 km de la capitale, Abuja. L’assaut y a été le plus sanglant, ayant tué 35 personnes. « Nous cherchons au-delà de Boko Haram car d’autres individus voulant déstabiliser le gouvernement pourraient agir au nom de Boko Haram », a déclaré hier un porte parole de la police. Celui-ci fait référence à la secte islamiste qui a revendiqué les attaques et à laquelle le gouvernement en a attribué trois – dont celles contre les deux églises. Créée en 2002 à Maiduguri, dans le nord-est du pays, puis transplantée dans une ville voisine où elle a établi une base baptisée « Afghanistan », Boko Haram a donné les premiers indices de sa force de frappe en juillet 2009. Nés de l’attaque d’un commissariat, des affrontements entre forces de sécurité et membres de la secte se propagent alors dans quatre États du Nord en cinq jours. Bilan : 600 morts et 3 000 déplacés. Deux ans et demi après ce premier « coup d’éclat », Boko Haram n’a plus à démontrer sa capacité de nuisance. Fort de plusieurs centaines de membres recrutés parmi une jeunesse désoeuvrée et, plus rarement, dans des familles de notables, parfois originaires des pays voisins (Niger notamment), le mouvement ne limite plus son rayon d’action au nord-est du pays. En août, il revendique un attentat-suicide contre le siège des Nations unies, à Abuja, qui a fait 24 morts


Les membres de Boko Haram préconisent avant tout une observance stricte de la charia.

Il conduit des opérations spectaculaires, comme la libération de 700 prisonniers, dont 150 partisans, en septembre 2010, dans la prison de Bauchi (nord-est). En novembre dernier, à l’avant-veille de la fête musulmane de la Tabaski (nomdonné à la fête du mouton dans la région), Boko Haram mène plusieurs attaques – églises, postes de police – à Damaturu, tuant 150 personnes en un jour. Mélange d’arabe et de haoussa (langue parlée au Sahel), boko haram signifie littéralement « l’éducation occidentale est interdite », un slogan que certains spécialistes jugent par trop simplificateur en regard de la complexité du mouvement. Les membres de Boko Haram préconisent avant tout une observance stricte de la charia et jugent que les gouvernements locaux l’appliquent avec trop de laxisme – la loi est en vigueur dans 12 des 36 États du Nigeria. L’État et toute émanation de la laïcité ou d’une autre autorité qu’islamique sont des cibles privilégiées. « Les interprétations des motivations et de l’idéologie de Boko Haram diffèrent, note cependant l’ONG International Crisis Group (ICG). Certains, y compris des membres, évoquent un dégoût pour la corruption des autorités laïques. D’autres considèrent que cette idéologie violente du rejet s’enracine dans une doctrine religieuse élaborée. » Ce flottement tient en partie à l’absence de leader, aucun parrain n’ayant remplacé Mohammed Yusuf, chef de Boko Haram, tué en juillet 2009 lors des affrontements avec la police. « On ne sait plus qui est Boko Haram», note Daouda Aliyou, journaliste indépendant à Lagos. Les liens avec Al-Qaida sont plus clairs. ICG évoque une « inspiration considérable », relevant un usage de la rhétorique de la guerre sainte propre aux djihadistes d’Afghanistan. La sophistication des attaques conduit les spécialistes de la sécurité à redouter un soutien d’Al-Qaida au Maghreb (Aqmi), dont le champ d’action est tout proche.

Monday, December 26, 2011

Plusieurs églises visées par des attaques meurtrières le jour de noel

Une vague d'attentats visant principalement des églises catholiques remplies de fidèles au Nigeria le jour de Noël a fait au moins 40 morts dont un kamikaze, selon le dernier bilan de ces attaques revendiquées par la secte islamiste Boko Haram.
L'attentat le plus meurtrier, avec 30 morts selon le dernier bilan en date, s'est produit à l'extérieur d'une église catholique à Madalla, en périphérie d'Abuja, la capitale fédérale.

L'attentat a provoqué des scènes de chaos et endommagé l'église Ste Theresa. Des trous étaient visibles dans les murs et le toit était très abimé. Du sang maculait les murs à l'extérieur. Des jeunes en colère ont allumé des feux et menacé d'attaquer un commissariat de police des environs. Les policiers ont tiré en l'air pour les disperser et fermé un grand axe routier.

Après celui de Madalla, un second attentat a visé une église évangélique de Jos, épicentre de violences intercommunautaires dans le centre du pays, tuant un policier. A Damaturu, dans le nord-est, un kamikaze qui s'est tué a lancé sa voiture contre un convoi des services de renseignement de la police (SSS), tuant trois agents, selon un communiqué des SSS. Une autre explosion a retenti dimanche à Damaturu, sur un rond-point et samedi soir, un engin explosif a été lancé contre une église à Gadaka (nord-est) devant laquelle se trouvaient des fidèles, ont rapporté des témoins. Aucune victime n'avait été signalée dans l'immédiat. Damaturu et Gadaka sont situées dans l'Etat de Yobe, déjà secoué en fin de semaine par une vague d'attaques revendiquée par Boko Haram.

La vague d'attaques survenues samedi soir et dimanche à travers le pays a été revendiquée par Boko Haram, un groupe qui prône la création d'un Etat islamique au Nigeria et auquel sont imputés la plupart des violences récurrentes dans le nord. "Nous sommes responsables de toutes les attaques de ces derniers jours, y compris celle à la bombe contre l'église de Madalla. Nous continuerons à lancer de telles attaques dans le nord du pays dans les prochains jours", a déclaré par téléphone un porte-parole des islamistes, Abul Qaqa. Ces derniers jours, le pays est par une vague d'attaques meurtrières dans le nord-est, toutes revendiquées par Boko Haram.

Ce mouvement, qui dit vouloir imposer un Etat islamique, a revendiqué l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège des Nations unies à Abuja, qui avait fait 24 morts. Il s'était également attribué la responsabilité d'une vague d'attaques sanglantes le 24 décembre 2010, veille de Noel, qui avaient visé plusieurs églises et, avec les représailles qui avaient suivi, avaient fait des dizaines de morts à Jos.

"UNE GUERRE INTERNE"

"C'est comme si une guerre interne avait été lancée contre le pays. Nous devons vraiment être à la hauteur et faire face", a déclaré le ministre chargé de la police, Caleb Olubolade, qui s'est rendu sur les lieux d'un des attentats.


Les attaques, condamnées par le Vatican comme le fruit d'une "haine aveugle et absurde", surviennent après deux jours d'affrontements, jeudi et vendredi, entre des membres de Boko Haram et les forces de l'ordre dans le nord-est, qui auraient fait près de cent morts. Le président français Nicolas Sarkozy et le ministre italien des Affaires étrangères, Giulio Terzi, ont également fermement condamné les attaques.

Le Nigeria, qui est le sixième pays au monde pour le nombre de chrétiens, toutes confessions confondues, voit les tensions interreligieuses s'aggraver, une évolution qui inquiète le Vatican.
Lors de son voyage au Bénin en novembre, le pape avait insisté sur la tradition tolérante de l'islam en Afrique et sur la coexistence pacifique entre musulmans et chrétiens, parfois au sein des mêmes familles.

Ce pays pétrolier, le plus peuplé d'Afrique, avec 160 millions d'habitants, compte environ autant de musulmans, plus nombreux dans le nord, que de chrétiens, majoritaires dans le sud. Les actions menées par Boko Haram ont évolué, devenant plus sophistiquées et mortelles depuis plusieurs mois. Des observateurs craignent que des membres de la secte aient développé des liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda.