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Thursday, July 19, 2012

NIGERIA: La carotte ou le bâton ? - Boko Haram divise les Nigérians

La méthode à adopter face aux violences perpétrées par Boko Haram divise les Nigérians : dans le Nord, où les extrémistes islamistes ont concentré leurs bombardements et fusillades, il y a une forte demande de dialogue ; dans le Sud, l’opinion soutient que tant que les « terroristes » n’auront pas mis fin à l’insurrection, qui a fait plus de 1 000 victimes depuis 2010, il ne pourra pas y avoir de négociations.

Le président Goodluck Jonathan a dit à maintes reprises être disposé à négocier, mais pas avec un Boko Haram « sans visage ». « Vous devez vous identifier clairement. Vous devez nous dire pourquoi vous agissez ainsi », a-t-il dit dans une interview accordée au mois de juin.

Le gouvernement manie également le bâton. Cependant, le vote sans précédent d’un budget de 6 milliards de dollars pour la défense et la sécurité pour l’année 2012, la collaboration avec les forces de sécurité occidentales et la fermeture des frontières du Nigéria avec ses voisins du Nord n’ont pour l’instant pas affecté les salafistes.

Les services de sécurité des Forces opérationnelles interarmées (FOI) n’ont pas non plus reçu le soutien total des personnes qu’ils sont censés protéger. « C’est tout simplement une punition collective », a dit un médecin de Maiduguri, ville du nord-ouest du pays où le groupe Boko Haram a été fondé en 2002. « Dès qu’un incident se produit, les soldats bouclent la zone et commencent à frapper les gens … à la fin, c’est toute la population qui se retournera contre l’armée ».

Exprimant sa frustration, un procureur a ajouté : « Lorsque vous montrez votre carte d’identité aux FOI, on vous dit, “Vous les avocats, vous êtes les cerveaux derrière nos problèmes”. On a fait sauter nos collègues comme des grenouilles ; il y a tellement d’intimidation et un manque de respect ».

Les FOI apportent un peu de réconfort à la communauté chrétienne. Mais les musulmans, qui représentent la majorité de la population, évoquent fréquemment des théories conspirationnistes selon lesquelles les services de sécurité profiteraient de la situation pour s’enrichir, ne voudraient pas mettre fin au chaos et seraient peut-être même directement impliqués dans les violences.

En juin, M. Jonathan a limogé son Conseiller à la sécurité nationale, le général Andrew Azizi qui est également la personne la plus étroitement associée à la politique de Boko Haram. Originaire du même État que le Président et premier sudiste à occuper ce poste, il était devenu un poids politique, selon Innocent Chukwuma, le directeur de la Cleen Foundation, une organisation non gouvernementale (ONG) de réforme du secteur de la justice.

Le remplaçant de M. Azizi, le colonel Sambo Dasuki, qui est un membre de la famille royale de Sokoto – le cœur de la classe dominante du nord du pays – a fait de la visite du bastion de Boko Haram au nord-est du pays une priorité, et s’est publiquement assuré de l’aide des chefs traditionnels pour promouvoir le dialogue.

« Selon moi, cela indique la mise en place d’une nouvelle stratégie pour répondre à Boko Haram », a dit M. Chukwuma, « une stratégie qui s’éloigne peut-être de l’approche plus belliciste. Je pense également que la nomination de M. Dasuki montre qu’ils ont compris qu’ils avaient besoin d’une personne originaire du Nord pour mieux comprendre Boko Haram ».

Divisions sur le dialogue

Des tentatives ont déjà été entreprises pour approcher le groupe. Ibrahim Datti Ahmad, le président du Conseil suprême pour la charia qui serait proche du fondateur de Boko Haram, Mohamed Yusuf, a participé à la dernière tentative en date. Les militants ont mis fin aux contacts, accusant le gouvernement de faire preuve de mauvaise foi parce que les médias avaient eu vent des négociations. Cette décision constituait une réponse aux récents rapports concernant une initiative entreprise au début du mois de juin et devait amener l’interlocuteur potentiel, l’islamologue Dahiru Usman Bauchi, à « se tenir à l’écart ».
Selon une étude réalisée par la Cleen Foundation et l’Alliance pour des élections crédibles en août 2011, 58 pour cent des Nigérians se prononçaient en faveur du dialogue avec Boko Haram. Cette étude n’a cependant pas fait ressortir d’importantes différences régionales : ainsi, 80 pour cent des habitants du nord-est du pays étaient favorables aux discussions contre seulement 35 pour cent des habitants du sud-est. Depuis les attaques perpétrées contre les églises dans le Nord, les habitants du Sud, qui sont majoritairement chrétiens, se montrent de moins en moins tolérants, et ce, bien que la majorité des victimes de Boko Haram soient des musulmans.

« Jonathan m’agace. Il devrait exprimer sa volonté politique, montrer qu’il s’occupe de la situation et se débarrasser de ce cancer », a dit Sunday Igbe, le directeur de la recherche et de la planification de l’Association chrétienne du Nigéria. « Boko Haram a tout intérêt à faire disparaître les chrétiens du pays ».

La première revendication de Boko Haram est l’instauration de la loi islamique dans tout le pays – elle laisse peu de place au dialogue dans ce pays multiconfessionnel. « Il y a la position de négociation et la véritable position de la personne », a dit Muazu Abubakar, professeur à l’université de Maiduguri et militant des droits de l’homme. « Le groupe a dit au monde entier qu’il voulait que les siens soient libérés de prison – c’est cela qui les préoccupe, pas la charia ».

Boko Haram demande également que des poursuites soient engagées à l’encontre des officiers de police responsables des meurtres de membres du groupe en juillet 2009, et notamment celui de son dirigeant Mohamed Yusuf, qui a été abattu alors qu’il se trouvait en garde à vue. Des indemnisations auraient été versées aux familles, mais les hauts responsables de la police accusés des meurtres n’ont pas encore été jugés.

« S’ils demandent une indemnisation pour les mosquées détruites et la libération des leurs, qui va indemniser les chrétiens innocents qui ont été tués », a demandé M. Igbe.

Quel Boko Haram ?

Boko Haram s’est transformé. Au départ, ce groupe inspiré d’une tradition millénariste du Nord était considéré comme une réponse à la corruption et à l’injustice de l’État nigérian et de la classe dominante islamiste. Après la mort de M. Yusuf, un jeune imam qui avait attiré un nombre important d’adeptes, le pouvoir a été transféré à Abubakar Shekau, qui était plus radical. Boko Haram a alors annoncé qu’il défendait la même cause que le mouvement djihadiste mondial.

« Il ne s’agit plus d’un seul groupe », selon l’analyste politique Hussaini Abdu. « Je pense qu’il y a différentes tendances. Il y a la tendance traditionnelle de M. Yusuf et aujourd’hui de M. Shekau, et il y a des groupes émergents qui profitent de l’insécurité dans le pays ».

Le 21 juin, le gouvernement américain a inclu M. Shekau et deux autres leaders sur la liste des « terroristes internationaux », mais il n’a pas placé Boko Haram sur la liste des organisations terroristes étrangères – une décision soutenue par le gouvernement nigérian et un certain nombre d’universitaires basés aux États-Unis.

Johnnie Carson, le Secrétaire d'État adjoint chargé du Bureau des Affaires africaines, a expliqué cette décision : « Boko Haram est composé d’au moins deux organisations : une organisation plus importante qui s’attache principalement à discréditer le gouvernement nigérian, et une organisation moins importante, mais plus redoutable, qui utilise des moyens de plus en plus sophistiqués et devient de plus en plus dangereuse ».
Bon nombre d’habitants du Sud pensent que Boko Haram bénéficie du soutien de puissants politiciens du Nord, dont l’objectif est de mettre la pression sur le gouvernement de M. Jonathan pour qu’il abandonne tout projet visant à proroger son mandat. Sa victoire aux élections de 2011 a provoqué de l’amertume, et le vote des électeurs du Nord devrait se porter sur un candidat originaire de cette région en 2015.

Les chefs traditionnels et les chefs islamiques du nord du pays sont perçus comme étant les détenteurs des clés du succès des négociations. Mais les attentats suicide du 13 juillet, auxquels le Shehu de Borno – qui occupe la seconde place dans la hiérarchie traditionnelle après le Sultan de Sokoto – a échappé de justesse, suggèrent que les racines idéologiques du groupe sont toujours fortes. « Cela nous laisse penser que personne n’est à l’abri, et qu’ils le considèrent comme faisant partie du système corrompu qu’ils combattent », a dit M. Abubakar.

Cela pourrait compliquer la tâche de M. Dasuki, le conseiller à la sécurité nationale, qui est à la recherche d’interlocuteurs adéquats. « La situation est très difficile en ce moment, il n’est pas facile pour les gens de se mettre en avant et de participer à des négociations », a noté M. Abubakar. « Le problème est en partie lié au fait que le gouvernement a perdu toute crédibilité au cours des dernières années. La majorité des gens n’ont plus confiance dans le gouvernement qui souffre d’un grave déficit de crédibilité ».

Pour souligner le manque supposé de sincérité d’Abuja, les principaux efforts réalisés par le gouvernement fédéral pour résoudre la crise dans le delta du Niger – les militants qui ont pris le contrôle des compagnies pétrolières se sont vus offrir l’amnistie et la réhabilitation, et la région a reçu des fonds de développement – sont différents de l’approche choisie pour le Nord. Jusqu’à présent, la seule initiative est une offre de 26 millions de dollars pour construire 400 écoles pour les Almajiris – des enfants envoyés dans des écoles coraniques par leurs familles et qui doivent mendier dans les rues pour leur survie.

Godson Jim-Dorgu, directeur de l’Environmental Health and Safety Network (réseau pour la santé et la sécurité de l’environnement) de l’État de Bayelsa dans le delta du Niger, n’a pas apprécié la comparaison. « Boko Haram est une organisation terroriste liée à Al-Qaïda. Ces membres n’ont aucune idéologie, ils n’ont pas de visage », a-t-il dit. « Tout le monde sait pourquoi les jeunes du delta du Niger se battent ; ils ont comme cible les installations pétrolières, pas les hommes ».

Le Nigéria sur la brèche

M. Abubakar de l’université de Maiduguri a sévèrement critiqué les divisions sectaires concernant la réponse à Boko Haram. « J’ai soutenu la lutte dans le delta du Niger. Selon moi, si ces violences perpétrées par Boko Haram se déroulaient dans une autre région du pays, alors une réponse collective serait proposée. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un problème limité au nord-est du pays ; il s’agit d’un problème nigérian auquel on n’a pas de réponse ».

L’identification des différentes étapes du processus de paix n’est que l’un des problèmes. M. Abubakar se prononce en faveur d’une stratégie menée par les services de renseignement pour convaincre Boko Haram de participer aux discussions, d’accepter un cessez-le-feu et d’établir un lien de confiance. « Nous devrions pouvoir trouver des personnes qu’ils respectent et en qui ils ont confiance », a-t-il dit. L’idée que l’actuel pouvoir ne soit pas favorable aux négociations est inquiétante.

Les responsables politiques ont tendance à ignorer la question de l’impunité quand cela permet un répit dans les violences, a dit M. Chukwuma, mais les personnes impliquées dans la campagne de Boko Haram ne devraient pas participer à la négociation d’un accord. « M. Shekau n’est même pas concerné, il a été clairement identifié comme un soutien au terrorisme international, mais il y a des membres qui occupent des postes intermédiaires à qui nous pouvons parler ».

Un délai a été fixé pour les négociations : selon les analystes, il s’agit du début de la campagne pour les élections présidentielles. Si les troubles ne prennent pas fin dans le Nord d’ici là, et que les élections ne peuvent pas être organisées en 2015, alors les 13 années de régime civil que le Nigéria vient de célébrer en mai pourraient vaciller.

VERSION ANGLAISE
Analysis: Carrot or stick? - Nigerians divided over Boko Haram
How to deal with Boko Haram violence splits Nigeria: in the north, the centre of bombings and shootings by the Islamist extremists, there is an almost universal demand for dialogue, while in the south the prevailing attitude is that there can be no negotiation with “terrorists” until they end the insurrection that has killed more than 1,000 people since 2009.

President Goodluck Jonathan has repeatedly said he is open to talks, but not with a “faceless” Boko Haram. “You must have a face. You must tell us the reason why you are doing what you are doing,” he said in an interview in June.

The government has also invested in the stick. But the unprecedented defence and security vote of US$6 billion for 2012, collaboration with Western security forces, and the closure of Nigeria’s borders with its northern neighbours, is yet to blunt the Salafists.

The security forces’ Joint Task Force (JTF) has also failed to win the wholehearted support of those they are deployed to protect. “It’s just collective punishment for everybody,” a doctor in the northeastern city of Maiduguri, where Boko Haram began in 2002, said. “Whenever there is an incident [the soldiers] cordon the area and start beating people… With time it will be the whole society against the military.”

A frustrated state prosecutor added: “Even if you flash your identity card at JTF you are told, `You lawyers, you are the brains behind our problems’. Colleagues have been made to do frog-jumps; there is so much intimidation and disrespect.”

The Christian community welcomes the JTF as a small comfort. But among some Muslims, the majority of the population, it is common to hear the conspiracy theories that the security services are making a fortune out of the chaos and do not want it to end, and may even have a direct hand in the violence.

In June, Jonathan sacked his National Security Adviser (NSA), Gen Andrew Azizi, the man most closely associated with the Boko Haram policy. He was the first southerner to hold the post, from the same state as the president, but he had become a political liability, according to Innocent Chukwuma, director of the Cleen Foundation, a justice sector reform NGO.

Azizi’s replacement, Col Sambo Dasuki, a member of the Sokoto royal family - the centre of the northern establishment - made it a priority to visit the northeastern home of Boko Haram, and publicly enlist the help of traditional leaders in promoting dialogue.
“I think it signals perhaps a different strategy in responding to Boko Haram,” said Chukwuma, “maybe moving away from the more hawkish approach. I also see Dasuki’s appointment as an admission they needed someone with a northern identity to better understand Boko Haram.”

A dialogue divide

Attempts have previously been made to reach out to the group. The most recent seems to have involved Ibrahim Datti Ahmad, president of the National Supreme Council on Sharia, who is believed to have had the respect of Boko Haram’s founder, Mohamed Yusuf. Contact was broken by the militants, who accused the government of bad faith, after the media got wind of the talks. It responded to fresh reports of another initiative in early June by advising the prospective interlocutor, Islamic scholar Dahiru Usman Bauchi, to “steer clear”.

In August last year, 58 percent of Nigerians supported dialogue with Boko Haram, according to a survey by the Cleen Foundation and the Alliance for Credible Elections. But that masked significant regional differences, with 80 percent of the northeast pro-talks, and just 35 percent of the southeast. With the continued attacks on churches in the north, tolerance is evaporating across the predominantly Christian south, even though the majority of Boko Haram’s victims have been fellow Muslims.

“I am annoyed with [Jonathan]. He should be able to demonstrate political will to show that he is in charge, and cut out this cancer,” said Sunday Igbe, director of research and planning at the Christian Association of Nigeria. “[Boko Haram’s] interest is to wipe Christianity from the face of this country.”

The most commonly understood demand of Boko Haram is Islamic shariah law for all Nigeria - which does not leave much room for dialogue in a multi-faith country. “There is a negotiating position, and then there is the true position of a person,” Maiduguri University lecturer and human rights activist Muazu Abubakar said. “The group has told the world they want their people released from prison - that is their real concern, not shariah.”

Boko Haram is also demanding the prosecution of the police officers responsible for the extra-judicial killing of their members in July 2009, including their leader Mohamed Yusuf, shot while in police custody. Compensation has reportedly been paid to their families, but senior police commanders accused of the deaths are yet to stand trial.
“If they are demanding compensation for their mosques destroyed and the freeing of their people, the question is, who provides compensation for the innocent Christians killed?” asked Igbe.

Which Boko Haram?

Boko Haram has morphed. Its original incarnation had its roots in a northern millenarian tradition, a response to the corruption and injustice of both the Nigerian state and the Islamic establishment. After the death of Yusuf, a young cleric who had attracted a significant following, power transferred to the more radical Abubakar Shekau, and common cause was made with the global jihadist movement.

“It is no longer a single group,” according to political analyst Hussaini Abdu. “My feeling is that there are different tendencies. There is the traditional one, that Yusuf and now Shekau leads, but there are also emerging groups capitalizing on the insecurity in the country.”

On 21 June the US government designated Shekau and two other leaders as “specially designated global terrorists”, but stopped short of listing Boko Haram as a foreign terrorist organization - a decision supported by the Nigerian government and a number of US-based scholars.

Explaining the calculation, Johnnie Carson, assistant secretary of state in the Bureau of African Affairs, said: “Boko Haram is composed of at least two organizations, a larger organization focused primarily on discrediting the Nigerian government, and a smaller more dangerous group that is increasingly sophisticated and increasingly lethal.”

Many in the south believe Boko Haram is sponsored by powerful northern politicians whose aim is to pressure the Jonathan administration into dropping any plans he may harbour of extending his term in office. His election victory in 2011 was a bitter contest, and much of the northern vote is likely to coalesce around a candidate from that region in 2015.

Northern traditional and Islamic leaders have been portrayed as holding the keys to talks. But the suicide bombing in Maiduguri on 13 July, which narrowly missed the Shehu of Borno - second only to the Sultan of Sokoto in terms of traditional hierarchy - suggests the group’s ideological roots remain strong. “It tells us nobody is safe, and that they see him as part of the corrupt system they are fighting,” said Abubakar.

That could complicate NSA Dasuki’s search for suitable interlocutors. “It is now a very difficult situation for people to come forward and offer to negotiate,” noted Abubakar. “Part of the problem is that government has lost credibility over these many years. The tendency is not to believe the government, they have a high credibility deficit.”

To underline Abuja’s alleged lack of sincerity, the major effort by the federal government to solve the Niger Delta crisis - where amnesty and rehabilitation packages were offered to the militants that took on the oil companies, and development funding was thrown at the region - is contrasted with its approach to the north. The sole initiative so far has been a promised US$26 million to build 400 schools for Almajiris - children sent to Islamic madrasas by their families, but who must beg on the streets for their upkeep.
Godson Jim-Dorgu, director of the Environmental Health and Safety Network in the Delta state of Bayelsa, was riled by the comparison. “Boko Haram is a terrorist organization with links to the Al-Qaeda. They don’t have an ideology, they’re faceless,” he said. ”Everybody knows what Niger Delta youths were fighting for; they targeted oil facilities and not human beings.”

Nigeria on the brink

Maiduguri University’s Abubakar is equally scathing over the sectarian divide in response to Boko Haram. “I supported the struggle in the Delta. For me, if this Boko Haram violence was happening in another part of the country, I would expect there to be collective responsibility to address it. I don’t see it as a northeastern problem; it is a fundamental Nigerian problem that is not being addressed.”

But identifying what the steps to peace are, is just one critical problem. Abubakar calls for an intelligence-led strategy to bring Boko Haram to the table to agree a ceasefire and build confidence. “There must be people they respect and trust that we can reach out to,” he said. The idea that the current leadership may not want to negotiate was an uncomfortable thought.

Politicians are usually willing to ignore the issue of impunity if it can buy a reprieve to the violence, said Chukwuma, but anybody involved in directing Boko Haram’s campaign should not be part of any settlement. “Shekau is not even on the cards, he’s clearly identified as an international terror sponsor, but there are middle-level people we can talk to.”

There is a deadline for negotiations, and that is the start of the presidential election campaign, analysts say. If the north is still in turmoil by then, and polling cannot be held in 2015, then the 13 years of civilian rule that Nigeria celebrated in May could begin to look shaky.

“The country is already in a difficult place, heading down a shaft from which recovery will be very difficult,” Chidi Odinkalu, chairman of the National Human Rights Commission, said. “If the north is effectively Balkanized by the insecurity, God knows what will happen next.”