Le 17e sommet de l’Union africaine (UA) visait à « Accélérer l’autonomisation de la jeunesse pour un développement durable ». Ce theme a réuni, en effet il y a quelques jours, différents chefs d’Etat africains à Malabo. La capitale de la Guinée équatoriale avait abrité en même temps de nombreux travaux : la 25e réunion du Comité d’orientation des chefs d’Etat et de gouvernement, le 15e sommet du forum du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) des chefs d’Etat et de gouvernement portant sur le changement climatique. Le fait que les dirigeants africains traitent du cas spécifique des jeunes, témoigne sans doute d’une prise de conscience d’un certain échec.
En effet, par le passé, bien des travaux ont été consacrés, entre autres aux questions d’emploi, d’éducation, de santé et de protection des jeunes. Mais qu’en a-t-on fait vraiment ? Quelle évaluation a pu être faite des actions menées concrètement sur le terrain, dans chacun des pays membres ? D’une année à l’autre, l’UA semble se contenter de réunions dont les conclusions remplissent les tiroirs, servent de références aux chercheurs et donnent des raisons de mobiliser d’importantes ressources dont la gestion reste toujours aussi opaque que celle des Etats eux-mêmes. Jamais les conditions n’évoluent véritablement. Le plus souvent, ils sont plus à l’abandon. Les sommets aux beaux thèmes se succèdent donc et se ressemblent.
Celui de Malabo ne fera donc pas l’exception. Parce que la plupart des acteurs politiques et des décideurs sont toujours les mêmes. Certes, le thème du sommet est beau et d’actualité. Mais, peut-on l’épuiser en 48h ? D’ailleurs, quels types de jeunes ont-ils servi de références aux travaux préparatoires de ce sommet ? Lesquels font vraiment l’objet de préoccupations des chefs d’Etat membres de l’UA ? La population du continent est jeune. Et dans leur grande majorité, les jeunes sont en milieu rural. Or, de plus en plus, les politiques des gouvernants africains tendent à déposséder les villageois de leurs terres au profit des puissances d’argent, ce qui contribue à accentuer la misère dans les familles. Contraints à l’exode, les jeunes ruraux vont quotidiennement grossir les rangs d’autres jeunes qui chôment en ville.
Tous sont victimes des travers des politiques de développement en général, de l’inadéquation des politiques agricoles autant que des incohérences et des disparités du système éducatif. Outre le fait que le travail manuel n’est pas suffisamment valorisé, que les filières professionnalisantes manquent d’un réel soutien politique et financier, les jeunes souffrent toujours des inégalités d’accès aux emplois. La jeunesse africaine a énormément besoin d’encadrement et de vision pour s’épanouir. Or, il y a crainte que ce type de rencontre de l’UA ne débouche sur un fiasco comme les autres rencontres de l’organisation. Jamais les slogans n’ont manqué pour mobiliser : « Santé pour tous », « Eau pour tous », « Education pour tous », etc. Il appartient à chacun des Etats de se montrer à la hauteur de la tâche en faisant d’abord un vrai diagnostic de la situation nationale.
Il faudra alors adopter une politique beaucoup plus hardie, qui crée des opportunités permettant de booster les économies nationales et de renforcer la solidarité. Par exemple, en mettant davantage l’accent sur les facilités fiscales et autres à accorder aux acteurs du développement, afin qu’ils puissent à leur tour offrir plus de stages et d’emplois aux jeunes. Des pays développés le font déjà. La bonne volonté sera-t-elle assez forte pour pousser les premiers dirigeants du continent à enfin concrétiser les recommandations des experts ? Le pragmatisme saura-t-il l’emporter sur les belles résolutions théoriques ? Pas si sûr ! Encore une fois, il ne faut pas se bercer d’illusions ! Chaque pays doit faire l’effort de prendre en compte les préoccupations de sa jeunesse.
Il faut éviter les pièges de la politique politicienne qui pousse facilement à instrumentaliser les jeunes en vue de légitimer les actions des dictatures en place. Il est bon de penser à autonomiser les jeunes. Encore faut-il résister à l’envie de les caporaliser. Les gouvernants africains et leurs thuriféraires peuvent-ils vraiment s’abstenir de ce militantisme bête et méchant qui a toujours servi leurs intérêts et desservi la cause des peuples ? Comment donc aider les jeunes à se prendre en charge dans un contexte d’irresponsabilité, d’impunité, d’injustice, de corruption et de clientélisme qui font se multiplier des îlots de laissés-pour-compte ? Aux chefs d’Etat de faire une cure d’introspection afin qu’aux mots succèdent enfin des mesures pertinentes à même d’extirper les jeunes des maux qui les rongent continuellement sur ce continent.
Source : Le Pays
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