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Tuesday, December 7, 2010

Le Français: Langue du business au Nigeria


Par  Daouda Aliyou


     Avec un début difficile dans les années 1960, rélégué à l’arrière plan en 1980 et resuscité en 1997 par l’ex dictateur feu Sani Abacha, le français est maintenant un atout supplémentaire pour faire carrière et des affaires au Nigeria.           

     Début difficile
         «  Le  Français au Nigeria est comme un roseau qu’on plie et qui ne rompt pas » c’est en ces termes que le professeur  Samuel Ade Ojo, premier directeur du village français et professeur à l’université de Lagos décrit l’histoire du Français qui a connu bon nombre de péripéties dans ce pays le plus peuplé du continent avec plus de 140 millions d’habitants où, à côté de l'anglais, existent plus de 400 langues locales dont les plus parlées sont le haoussa, le yoruba et le ibo.
      L’ histoire du Français dans les institutions nigérianes remonte dans les années 1960. « J’ai commencé à apprendre les rudiments de la langue française en 1962 à l’université d’Ibadan » se rappelle le Professeur Olusola Oke. Cependant  l'octroi aux étudiants de bourses de stage en France a donné un coup de fouet à la promotion du français qui, dans les années 1970  faisait partie des matières obligatoires dans les écoles secondaires à travers le pays.Les étudiants  qui n’avaient pas de bourse de stage en France étaient envoyés dans les pays francophones tels que Togo, Niger, côte-d’Ivoire au compte du gouvernement fédéral en vue de la perfection de la langue.
        Hélas, l’enthousiasme enregistré au niveau de l’apprentissage du Français entre 1960 et 1980 a pris un coup vers la fin des années 1980 sous le régime de Shehu Shagari. En effet la promotion des langues locales dont l’enseignement était devenu obligtoire dans les écoles secondaires a entrainé le déclin du Français classé alors parmis les matières facultatives. Pire, la conjoncture qui a touché bon nombre de  pays dans les années 1990 a contraint  le gouvernement fédéral à mettre fin au programme d’immersion lingustique dans les pays francophones pour les étudiants nigérians. Ainsi fut créé le village français du Nigeria.Ce centre de perfectionnement en français pour les étudiants en lettres modernes des 89 universités du Nigeria  se trouve  à Badagry, ville située à la sortie sud de Lagos, la capitale économique.

Nouveau départ
      En 1997, l'ex-dictateur Sani Abacha décida de réhabiliter le Français en faisant de lui la deuxième langue officielle du pays. Une décision non appliquée, suite à son décès, mais qui a tout de même amené le gouvernement de l'ancien président Olusegun Obasanjo à rendre le français obligatoire dans l'enseignement secondaire alorsqu’il est égalemnt enseigné dans les écoles primaires privées. À son tour, la France, dont le deuxième client sur le continent est le Nigeria, après l'Afrique du Sud, fait de la coopération culturelle et de l'enseignement du français ses domaines d'action prioritaires. Elle appuie le Village français (par des stages de recyclage du corps enseignant, la création d'une bibliothèque francophone), fait construire dans le pays diverses infrastructures (centres culturels, Alliances françaises, écoles et lycées français), etc. De 2005 à 2008, son ambassade a co-financé allAfrica pour la réalisation d'émissions en français diffusées par la radio de l'université fédérale de Lagos.
Depuis fin 2007, l’Alliance française de Lagos en collaboration avec l’Ambassade de France au Nigeria financent la diffusion de programme en Français ( journal parlé et variété) sur la même station .
           Ainsi, renait l’engouement pour l’apprentisage du Français au Nigeria. Depuis 2000, la langue  suscite un intérêt croissant. Une étude réalisée en 2002 par le British Council, indique que 85 % des 18-35 ans « souhaitent apprendre le français ». Outre les étudiants, des élèves, employés, hauts cadres administratifs, juristes et commerçants suivent des cours de langue au Village français ou dans d'autres centres de formation. Tous avancent la même raison : la maîtrise du français, à côté de l'anglais, offre davantage de possibilités d'emplois et d'affaires.  Hélas, ces étudiants regrettent l’absence de publications en Français,obligés de se contenter des journaux venant des pays francophones et de la France.
          Les statistiques sont rares mais, de l'avis de tous, le nombre de Nigérians qui parlent plus ou moins bien le français ne se compte plus en milliers comme dans les années 60 et 70, mais plutôt en millions. La plupart d'entre eux se trouvent à Lagos, Port Harcourt et Warri, au sud du pays. Il n'empêche qu'ils constituent encore une minorité dans ce pays, le plus peuplé d'Afrique. Pour inverser la tendance, il faudrait doubler le nombre d'enseignants spécialisés, estimés pour le moment à 6.000, souhaite l'universitaire Muhammad Sanusi Muhammad, dans une étude sur l'enseignement du français au Nigeria publiée en 2005. Il importe aussi, renchérit-il, d'encourager les meilleurs étudiants à poursuivre leurs études en français dans des secteurs variés comme "l'économie, l'informatique, la technologie, la médecine, etc. afin d'obtenir des débouchés plus lucratifs au terme de leurs études universitaires". Histoire que le mot business prenne tout son sens aussi en français au Nigeria.


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